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la constitution de la flottille et dans l’aménagement des bateaux. Le 3 juillet 1804, elle comprenait 1 800 bâtimens destinés au transport des troupes et susceptibles de combattre en mer, ainsi répartis : environ 800 à Boulogne, 290 à Étaples, 340 à Wimereux, 437 à Ambleteuse. De nombreuses manœuvres d’embarquement et de débarquement exerçaient sans cesse les troupes et les équipages à leur rôle dans l’action. Les préparatifs allaient être terminés, lorsque l’Angleterre aux abois, malgré ses succès maritimes et les fausses manœuvres des flottes françaises, parvint à détourner l’orage en suscitant une coalition continentale et en nous faisant attaquer par l’Autriche et la Russie.


IV

Depuis peu de mois, un nouveau moyen de navigation sur canaux vient d’apparaître. C’est un bateau nommé le Fram, construit en vue de naviguer sur la Loire, même en saison de basses eaux. C’est une sorte de chaland à vapeur à deux hélices sous voûte. Il mesure 41 mètres de longueur, 5m, 50 de largeur, 1m, 10 de creux. Il est à fond plat et sans quille. Les deux machines, alimentées par une chaudière multitubulaire Fouché, développent une force de 150 chevaux. Avec son eau et son charbon, le Fram cale seulement 28 centimètres. A pleine charge avec 80 tonnes, il ne cale pas plus de 0m, 70 et peut marcher à une vitesse de huit milles marins à l’heure. Déjà, machines et chaudières se sont perfectionnées. Il est facile de construire, d’après des données analogues, des péniches à faible tirant d’eau, pontées, et développant une vitesse de 8 à 10 nœuds. Pour pouvoir naviguer en dehors des canaux et des rivières et affronter la mer, même par gros temps, ces bateaux seraient munis de fausses quilles d’après le système des drivers des yachts de course. Ces quilles, que l’on tiendrait relevées pour la navigation fluviale, seraient abaissées pour la navigation maritime et donneraient aux bateaux toute la stabilité désirable. La longueur, la largeur et la hauteur de ces péniches seraient calculées sur les dimensions minima de nos écluses et sur la hauteur libre sous nos ponts les moins élevés. Elles pourraient donc être construites simultanément dans toutes nos usines et rassemblées en différens points, grâce aux 11 000 kilomètres de canaux et de rivières navigables qui aboutissent aux divers ports de nos côtes.