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écoles plus de 31 000 élèves[1]. L’enseignement industriel n’est pas moins offert ni moins suivi. Les ateliers et les laboratoires sont fournis d’ingénieurs, de mécaniciens, d’électriciens, de chimistes, par 10 écoles « techniques, » où s’instruisent plus de 11 000 étudians : et, si ces spécialistes ne brillent pas d’un vernis inutile, ils sont aptes à poursuivre et à introduire dans les fabriques et dans les usines toutes les applications lucratives de la science. Plus modestes, mais également adaptées au service qu’elles ont à rendre, des écoles « industrielles » forment les conducteurs, contre maîtres, chefs d’équipe, les sous-officiers du travail. Enfin, pour les soldats, les ouvriers, des écoles « professionnelles » sont partout ouvertes et partout pleines. Il n’est pas de métier qui n’ait les siennes. Et ce ne sont pas seulement les grandes compagnies, les syndicats de patrons, les villes qui s’occupent à former de bons travailleurs. Ceux-ci ne tiennent pas moins à maintenir parmi eux la valeur de la main. Les mineurs de Westphalie, sur leur caisse de prévoyance, entretiennent 15 écoles de mineurs : ainsi pour les autres corps de métiers. Et, comme il y va d’un intérêt public, l’Etat alimente, par de larges subventions, ces sources de savoir pratique, et au besoin force les travailleurs à se perfectionner malgré eux. La loi permet aux municipalités de rendre l’assistance à ces cours obligatoire pour les ouvriers de moins de dix-huit ans, et plus de la moitié des communes industrielles ont établi cette obligation.

Par ces moyens, la race allemande assure à son travail toute la perfection que son génie appliqué et persévérant est capable de produire. Mais d’autres races, par d’autres aptitudes, peuvent lui disputer la supériorité et, par certaines découvertes et certains procédés de fabrication, garder une avance. En même temps qu’elle tirait le meilleur parti de son propre fonds, l’Allemagne a donc voulu connaître les marchés des peuples concurrens, surprendre et s’approprier les habitudes qui leur réussissent, le goût qui fait leur réputation, les secrets qu’ils exploitent. Elle a compris que le meilleur moyen de les vaincre serait de joindre à ses qualités les leurs.

C’est pour conquérir ces renseignemens que chambres de

  1. L’essor industriel et commercial du peuple allemand, par Georges Blondel. Laroze, 2e édition, 1899, p. 252. On trouvera dans cet ouvrage, remarquable par l’abondance des documens et la solidité claire des idées, tout le détail des faits que je voudrais résumer.