nous fut de nouveau confiée. Plusieurs de nos ingénieurs des constructions navales y travaillent en ce moment, et nos usines métallurgiques doivent en fournir les matériaux. Ç’a été notre part dans les commandes faites par la Chine, en vue desquelles toutes les nations prodiguèrent les prévenances à Li-Hung-Chang lors de son fameux voyage en Europe et en Amérique, et cela compense dans une certaine mesure la perte de la clientèle du Japon, qui s’était souvent adressé à nos forges, mais demande aujourd’hui presque exclusivement à l’industrie anglaise et américaine les nombreux bâtimens et les canons qu’exige la grande augmentation de sa flotte.
A un tout autre point de vue, notre ministre à Pékin s’est utilement employé en faveur des missionnaires catholiques. Il a obtenu la révocation des règlemens qui prétendaient leur imposer les achats d’immeubles dans l’intérieur de la Chine et la promesse de faire disparaître de la prochaine édition du Ta-tsing-lon-lieh, recueil des lois de la dynastie des Tsings, les punitions et les menaces encore contenues dans l’édition de 1892. Enfin, il a obtenu l’autorisation pour les lazaristes de rebâtir sur le même emplacement la cathédrale de Tien-tsin, détruite et brûlée, en même temps que les missionnaires et les religieuses étaient massacrés, lors de l’émeute de juin 1870.
C’est assurément comme protectrice des catholiques que la France a le plus dignement joué son rôle en Extrême-Orient durant ces dernières années. Toutefois, nous n’avons peut-être pas su, comme nous l’aurions dû, faire servir à l’obtention d’avantages plus matériels les moyens d’influence que nous donne en Chine notre fonction religieuse spéciale. La politique de la France en Extrême-Orient a peut-être manqué d’envergure. Nous n’avons pas tiré de notre intervention en faveur du Céleste-Empire un profit proportionné aux risques courus. Nous avons moins obtenu de la Chine, non seulement que notre alliée la Russie, mais même que l’Angleterre, et, en nous opposant inutilement d’ailleurs aux demandes de cette puissance, nous avons risqué d’augmenter les dissentimens qui séparent les deux grandes nations occidentales.
Après une période de recueillement, pendant l’année qui suivit la guerre, le gouvernement de la Reine était parvenu, en effet, sinon à reconquérir son influence d’autrefois, du moins à se faire de nouveau écouter à Pékin. Bien qu’on y tremblât devant la Russie, la puissance de l’escadre britannique n’était pas