d’eau et d’en emmagasiner dans le sous-sol de puissantes réserves, et la fraction de l’eau tombée, perdue par évaporation, est minime ; elle est énorme au contraire quand la pluie arrive sur une terre non ameublie. Elle s’infiltre mal, séjourne à la surface et reprend aisément l’état de vapeur ; si elle pénètre, elle ne descend que lentement, s’arrête dans les couches superficielles et reste soumise à une puissante cause de déperdition ; quand la surface s’échauffe et se dessèche, l’eau remonte aisément, car la capillarité est puissante dans ce milieu dont les particules solides sont très rapprochées ; un mouvement ascensionnel s’établit, l’approvisionnement d’eau diminue peu à peu, et, quand l’été arrive, les plantes, mal abreuvées, ne fournissent que de médiocres récoltes.
Non seulement la terre meuble retient plus d’eau que la terre tassée, mais, en outre, elle laisse couler dans le sous-sol une réserve qui exerce souvent une action décisive sur l’abondance des rendemens, particulièrement sur ceux du blé.
Les cases de végétation de Grignon m’en fournissent un excellent exemple. Je les ai déjà décrites ici même et je me borne à rappeler que ce sont de grandes boites carrées, en ciment, de deux mètres de côté et d’un mètre de profondeur ; après avoir couvert le fond d’une couche de cailloux de deux centimètres d’épaisseur pour assurer l’écoulement des eaux de drainage, on a rempli les cases avec la terre qu’on avait enlevée au moment de leur construction. Cette terre est donc identique à celle des parcelles voisines, et cependant les récoltes de blé sont sensiblement plus faibles sur les cases qu’en pleine terre ; tandis qu’en moyenne je n’ai obtenu pendant ces six dernières années, en calculant à l’hectare, que 20 quintaux métriques de blé des cases, j’en récoltais 30 sur les parcelles voisines.
Pour saisir les causes de cette différence, il faut se rappeler que les racines ne prennent l’eau dans le sol que par l’intermédiaire de poils, très faciles à voir à la loupe et encore mieux au microscope, et qu’à cause de leur fonction on appelle « poils absorbans. » Les racines du blé n’en sont garnies que dans leurs parties les plus jeunes, nouvellement développées. Au mois de juin, toute la partie supérieure de la racine en est dépourvue, ils ne sont abondans qu’aux extrémités. J’ai fait vider, il y a déjà quelques années, une case ensemencée en blé et j’ai vu les racines s’enfoncer tout droit dans le sol, dépasser la bonne terre pour venir s’enrouler dans les cailloux du fond et s’y ramifier en tous