fait pas obstacle ; quand une terre très forte ne renferme pas une dose suffisante de calcaire, elle se gorge d’eau ; il en est de même d’une terre qui repose sur un sous-sol imperméable et non incliné. Dans ces conditions, la terre est mal aérée, mais, pour l’assainir, les travaux d’ameublissement habituels deviennent insuffisans. Il faut la rendre filtrante, ce à quoi on réussit par le chaulage ; la débarrasser des eaux stagnantes, en y posant des drains. Ce sont là deux opérations spéciales, sur lesquelles nous reviendrons.
Il ne suffit pas, pour que nos plantes prospèrent, qu’elles trouvent dans la terre une atmosphère oxygénée, il faut encore qu’elles y puisent d’énormes quantités d’eau. La terre doit être non seulement un magasin bien garni de matières alimentaires, mais encore un réservoir où s’abreuvent les racines pendant les longues périodes de sécheresse.
Voyons donc si l’approvisionnement d’eau est mieux assuré dans une terre bien travaillée que dans une autre qui n’a pas été ouverte par la charrue, puis émiettée par la herse et les rouleaux.
Il est d’observation usuelle, tout d’abord, que l’eau glisse sans pénétrer, sur une surface dure et polie, comme est celle d’une terre après la moisson, tandis qu’elle s’infiltre dans une terre ameublie ; nous reconnaissons sans peine que le labour de déchaumage, que nous avons donné aussitôt après que le blé et l’avoine ont été récoltés, a non seulement pour but de détruire les mauvaises herbes, ainsi que cela a été dit, mais encore d’assurer la pénétration des premières pluies d’automne.
On voit mieux, au reste, l’effet de l’ameublissement en exécutant au laboratoire quelques expériences d’une extrême simplicité. On introduit dans deux entonnoirs de verre des échantillons de la même terre bien pulvérisée, présentant le même poids ; l’un est laissé meuble, l’autre, au contraire, est tassé au maximum, ce à quoi on ne parvient qu’en le mouillant légèrement et en le comprimant à l’aide d’une surface métallique. Quand ces deux terres sont ainsi préparées, on fait tomber, sur l’une et sur l’autre, de l’eau en pluie, à l’aide d’un de ces pulvérisateurs à main très répandus aujourd’hui, jusqu’à ce que le changement de teinte annonce que la terre est mouillée sur toute sa profondeur ; puis on pèse, afin de savoir quelle est la quantité d’eau qui a pu se loger dans la terre meuble et dans la terre tassée. La première retient infiniment plus d’eau que la seconde, la proportion est souvent de 3 à 2, parfois du double. Il est naturel qu’il en soit ainsi ; les