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poulie placée près de la locomobile, et de l’autre, sur une seconde poulie, également à axe vertical, fixée à un chariot-ancre placé à l’autre extrémité du champ, en face de la locomobile. Une charrue à retournement est attachée au câble ; elle porte habituellement plusieurs appareils, de là son nom de polysocs. En avançant, elle laboure une première surface ; quand elle est arrivée au bout du sillon, la locomobile et le chariot-ancre se déplacent parallèlement de quelques mètres, on renverse la charrue polysocs qui, en revenant, laboure une bande à côté de celle qu’elle a fouillée pendant son parcours précédent.

Nos petits domaines de France se prêtent mal à l’emploi de des charrues mues par la vapeur, cependant elles sont utilisées dans les pays vignobles quand il s’agit de procéder à des défoncemens de grandes surfaces, jusqu’à une profondeur de 50 centimètres. Elles sont également employées avec avantage dans les grandes plaines de l’Ouest américain, où l’esprit des inventeurs s’est donné carrière en variant la disposition des câbles de traction, selon la forme des champs à travailler.

Le labour, quel que soit l’instrument employé, commence seulement l’ameublissement ; il laisse la terre hérissée de crêtes saillantes, qu’il faut aplanir, de mottes, qui doivent être pulvérisées. On y parvient à l’aide de herses, qui opèrent par déchirement, et de rouleaux spéciaux, dits brise-mottes.

Les herses les plus communes sont formées de cadres de bois armés de dents ; on lie plusieurs de ces herses les unes aux autres, on y attelle des chevaux, qui sont également attachés entre eux, de telle sorte qu’un homme suffit à conduire tout un système de herses ; leurs dents agissent à la façon de coins qui pénètrent dans le sol et s’y fraient un passage en le découpant en menus fragmens ; si elles travaillent bien, elles écrêtent les parties saillantes des bandes de terre, déchirent les mottes et les réduisent en poudre ; mais quand la terre est tenace, les mottes résistantes, il arrive que les herses sautent par-dessus, sans réussir à les broyer : aussi leur substitue-t-on souvent des instrumens dont le travail est plus efficace.

On a imaginé la herse norvégienne, composée d’un axe horizontal sur lequel sont montés, en grand nombre, des outils travailleurs en forme d’étoiles dont les cinq pointes tranchantes pénètrent dans les mottes pour les déchirer. On emploie également un pulvérisateur formé de deux arbres horizontaux, très