journal radical : « Tous les membres de la Ligue de l’Enseignement se sont liés avec le cabinet Bourgeois, bien armé, désormais, contre les attaques des réactionnaires et des cléricaux, des aventuriers, des cafards et des Basiles qui jappent à ses chausses. » Le Parlement renversa ce cabinet ; mais la Ligue conserve à M. Bourgeois une fidélité posthume, et les instituteurs avec elle. Entreprises sous de pareils auspices, les œuvres post-scolaires sont un instrument de conquête radicale ; le socialisme les guette ; et, lorsque le souci de l’éducation morale du peuple détermine les membres modérés du Parlement à voter, sans nulle réserve, des subventions en faveur de ces œuvres, ils travaillent, en fait, à la diffusion d’une éducation politique dont ils seront les premières victimes.
Le Parlement perd notre argent et les instituteurs perdent leur temps, s’ils escomptent que le mouvement post-scolaire, tel que le conçoit et le dirige l’esprit de secte, puisse aboutir à la création d’un fructueux enseignement moral. Les maximes, ou plutôt les haines, où ce mouvement trouve son impulsion, sont déjà jugées par l’expérience : elles ont échoué, lorsqu’elles ont prétendu faire de l’école primaire un foyer d’instruction morale ; elles échoueront, une fois de plus, si elles feignent d’organiser les œuvres post-scolaires en vue d’un pareil objet. Il vaudrait mieux renoncer aux feintes. Dans les chaires nouvelles qui lui sont ouvertes, l’instituteur peut monter avec confiance, s’il y doit parler, soit à mots voilés, soit à visage découvert, comme champion du radicalisme et bientôt du collectivisme : la Ligue de l’Enseignement, qui prend à l’égard de nos ministres successifs des allures de créancière, est assez forte peut-être pour faire supporter cette attitude, même par les cabinets qu’elle combattrait. Mais si l’instituteur qui concourt aux œuvres post-scolaires y prétend exercer une action morale, il faut qu’il les arrache, avec une loyale violence, au joug des groupemens qui souvent les ont fondées et qui presque toujours les confisquent. Sinon, il s’expose à une déception de plus, et cette déception sera méritée. Après l’école comme à l’école, transformer l’enseignement moral en un engin de guerre, c’est faire injure, tout à la fois, aux hommes qui manient cet engin, et à la morale elle-même.