dégagées de tout dogme ; » le Cercle populaire des amis de renseignement laïque a pour but d’ « aider de toutes ses forces l’instituteur à se dégager des préjugés religieux de la première enfance, d’encourager les éducateurs du peuple à résister à ceux qui, par leurs erreurs dogmatiques grossières, faussent le jugement des enfans pour toute la vie ; » l’Union de la Jeunesse républicaine, souhaite « qu’une sorte de prédication laïque ininterrompue rayonne sur tout le territoire et se dresse en face de la chaire de la superstition et du fanatisme, » et qu’on donne des conférences « pour agir sur les femmes, dans lesquelles les éternels adversaires du progrès et de la lumière ont placé leur suprême espoir ; » enfin la Société nationale des conférences populaires, présidée par M. Guérin-Catelain, se propose, sans ambages, d’ « élever une chaire laïque en face de la chaire séculaire du prêtre ; » et, parmi les conférences toutes faites qu’elle adresse aux instituteurs, il en est une, bien significative, intitulée : les Préjugés et le Grand Albert, où l’on flétrit Albert le Grand et le moyen âge, coupables d’avoir « cru que l’obéissance passive, la dévotion, la haine des sciences devaient procurer à l’homme la félicité et la vertu. » Généralement fondées à l’encontre de ces « patronages » confessionnels, dont M. Max Turmann publiait récemment une excellente monographie[1], les œuvres « post-scolaires, » si elles demeurent des œuvres de lutte, perpétueront la scission de la France, qui survit, tenace, aux maximes de tolérance parfois affirmées à la tribune du Parlement.
Or, c’est un fait, grave entre tous, que nos instituteurs s’affilient souvent à ces groupemens sectaires, — et cela à l’instigation même de l’autorité hiérarchique. M. Édouard Petit, inspecteur général des cours d’adultes, incarne la solidarité, apparemment indissoluble, qui attache le ministère de l’Instruction publique à la Ligue de l’Enseignement. « Je suis membre de la Ligue depuis sa fondation, disait à Nantes, en 1894, M. Buisson, alors directeur de l’enseignement primaire ; je lui ai appartenu longtemps avant d’appartenir à la bureaucratie. » Il appuyait ainsi, de son propre exemple, le conseil assez impérieux donné au Congrès de Saint-Nazaire, dès 1892, par l’un des orateurs de la Ligue : « Tous les instituteurs de la Loire-Inférieure, proclamait cet orateur, devraient faire partie de la Ligue de l’Enseignement, et permettez-moi
- ↑ Au sortir de l’école, 2e édit. Paris, Lecoffre, 1898.