maître d’école, et voilà qui est conforme à la vérité. Adieu donc, lentement, à cet enseignement moral dont personne ne lui sait gré, ni les familles, qui, à une quasi-unanimité, réclament pour les enfans les préceptes d’une église, ni les préfets, qui attendent de l’instituteur une besogne d’un autre genre. C’est à cette besogne-ci que de plus en plus on s’adonnera : les statistiques électorales la justifient et la récompensent. M. Pavot, pourtant, s’effraie, tout le premier, des habitudes d’esprit auxquelles, peu à peu, cèdent les maîtres d’école, et de la promptitude qu’ils mettent à faire intervenir auprès de leurs chefs, en faveur de leur propre « avancement, » des recommandations de politiciens ; il vient de lancer un cri d’alarme, très hardi, très généreux, aux instituteurs de la Marne ; mais comment se commettre avec la politique sans toucher tôt ou tard à l’écueil que dénonce M. Jules Payot ?
On fait beaucoup de bruit, depuis quelques années, autour des œuvres « post-scolaires, » destinées au perfectionnement moral et civique de l’adolescent et de l’adulte ; elles sont le cadre naturel où se déroule l’activité politique de l’instituteur. De ces œuvres, nous ne voulons point médire, et nous croyons d’une extrême délicatesse de les apprécier avec équité. Il y a eu là des miracles de générosité intellectuelle : la haute culture a fait effort pour se mettre au niveau des humbles ; entre les divers étages de l’enseignement public, des communications se sont établies ; on a ébauché des organisations de dévouement, pour la protection morale et la formation civique de l’adolescent ; et sans perdre courage devant l’inefficacité du manuel de morale qui s’enseignait à l’école neutre, plusieurs ont cru qu’il suffisait d’un catéchisme de persévérance, professé d’après les mêmes maximes, pour qu’entre l’école et la caserne les jeunes consciences fussent sauvegardées. M. Édouard Petit, dans plusieurs rapports successifs, et dans son livre récent : Chez les étudians populaires, a marqué les progrès de ces initiatives ; et ces progrès vont s’accentuant. On aimerait à s’arrêter Longuement devant l’esprit de désintéressement et devant l’optimisme presque héroïque dont s’inspirent quelques-uns des coopérateurs de ce mouvement. Mais, exclusivement absorbés par leur sollicitude pour les jeunes âmes sur lesquelles ils espèrent encore avoir prise, ils semblent ignorer souvent le plan d’ensemble, conçu loin d’eux et fort au-dessus d’eux, auquel leur labeur est subordonné ; oublieux ou