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Nous allons jeter un rapide regard sur toutes celles éparpillées dans la mer des Antilles et sur les côtes Ouest de l’Atlantique. Laissant de côté les îles anglaises, françaises, espagnoles et danoises, les émigrans allemands se sont portés sur celles érigées en républiques. Ils ont été s’installer en certains points de Haïti et de Saint-Domingue, et ils y sont désormais comme chez eux.

Dans l’île de Haïti surtout, les Allemands ont, depuis longtemps déjà, accaparé tout le commerce. À peine si quelques maisons européennes d’une autre nationalité trouvent place auprès d’eux, et seuls de rares commerçans du pays essayent de leur disputer l’accaparement des affaires. Là, comme partout d’ailleurs, on ne trouve que fort peu d’Allemands en dehors des entreprises commerciales, pas d’ouvriers, pas d’hommes de peine, seulement des commerçans.

C’est au Venezuela surtout que les Allemands ont su acquérir une situation prépondérante. À Puerto-Cabello, par exemple, le deuxième port de la République, tout le haut commerce est allemand. Seules, une maison française et une italienne peuvent rivaliser d’importance avec les maisons allemandes. Ces dernières exportent les quatre cinquièmes de la production totale des cafés et des cacaos, et on peut, sans erreur, dire qu’elles font exclusivement toutes les importations. Elles ont des succursales dans toutes les petites villes de l’intérieur, Valence, Barquisimeto, etc., et tiennent littéralement toute la région par les capitaux dont elles seules disposent.

Nous retrouvons la même prédominance des Allemands dans les autres ports du Venezuela : à Ciudad de Bolivar, où ils se partagent les affaires avec les maisons corses ; à la Guayra et à Maracaïbo, où ils se les disputent avec des commerçans du pays.

Notons en passant la satisfaction qu’éprouve notre amour-propre français par cette constatation que, à Carupano, la ville et la région entière sont entre les mains des Corses. On peut dire que Carupano n’est qu’une colonie de Corses, de même que Puerto-Cabello n’est qu’une colonie d’Allemands.

En Colombie comme au Venezuela, on constate l’existence d’une infinité de maisons allemandes, contre une ou deux françaises. Au Costa-Rica, presque toutes les banques sont allemandes ; là encore, sauf une maison française importante, et une ou deux italiennes, tout le haut commerce est aux Allemands. Au Nicaragua, de même ; au Salvador, de même.

En cette dernière République, pourtant, il faut noter l’existence d’une véritable ramification commerciale de maisons françaises, toutes