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que nous fondons sur leur avenir. Nous sommes cependant en présence d’un fait incontestable, et incontesté, je crois, c’est que, de nos colonies, nous ne tirons presque aucun profit.

Je vais ici condenser quelques notes prises au hasard de voyages accomplis autrefois et décrire comment, dans beaucoup de pays, les Allemands colonisent à leur façon. Sans aucune idée de critique à notre propre endroit, je n’ai, dans l’examen comparatif de notre ensemble colonial et du leur, qu’un seul désir, indiquer l’enseignement que nous y pouvons trouver.

Cet enseignement est, selon moi, conforme à l’esprit de l’école nouvelle dont une association de gens intelligens et pratique sa jeté les bases[1]. Il est conforme aussi aux idées que préconisent enfin nos plus sérieux hommes d’affaires et les éminens, mais rares hommes politiques qui s’occupent des intérêts coloniaux : Par tous les moyens pousser au développement de notre commerce à l’extérieur et, plus spécialement, donner de la vie à nos propres colonies par toutes sortes d’entreprises commerciales.


I

« Il est un pays qui a des colonies et des colons : c’est l’Angleterre. Un autre a des colonies sans colons : c’est la France. Enfin, un troisième a beaucoup de colons sans avoir de colonies : c’est l’Allemagne. » Telles sont les paroles célèbres, jadis prononcées par M. de Bismarck devant le Reichstag allemand. La première partie de cette assertion n’a guère besoin d’être démontrée, et la deuxième, sous une forme laconique, est une très vive critique de notre développement colonial. C’est la troisième partie, celle relative à l’Allemagne que, dans cette courte étude, je me propose principalement de mettre en évidence, limitant d’ailleurs le cadre de ma démonstration aux pays qui forment le bassin des Antilles et les côtes Est de l’Amérique du Sud.

De tout temps les nations européennes ont cherché à conquérir des territoires lointains. Depuis quelques années surtout, plusieurs se sont comme ruées sur toutes les parties du globe sans possesseurs bien définis ou offrant prise à l’accaparement étranger.

L’Angleterre, depuis longtemps, n’est en vérité qu’un immense empire colonial. À ses possessions déjà anciennes, les Indes, le Canada, l’Australie, elle cherche cependant à joindre encore d’autres territoires ;

  1. Le Comité Dupleix.