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dépourvue de dents ; elle présente un ligament élastique interposé aux deux valves qui les maintient constamment entre-bâillées. Elles restent dans cet état tant que le muscle adducteur étendu du centre d’une écaille à l’autre, n’entre pas en jeu. Dès qu’il se contracte, sous l’influence de la volonté de l’animal, la coquille est énergiquement fermée. Il faut, pour l’ouvrir, sectionner le muscle. Cette opération, qui est facile chez l’huître comestible parce que la valve supérieure est plate, est au contraire laborieuse chez l’huître perlière dont les deux écailles sont également bombées, la taille plus grande, et les muscles plus puissans.

Chaque écaille est doublée intérieurement d’une lame membraneuse, assez mince, qui s’y applique exactement quoique lâchement, et qui la déborde quelque peu. Elle enveloppe le corps de l’animal à la façon d’un manteau. Le manteau, pallium, est à la coquille ce que la doublure est au vêtement, la tenture d’un appartement au mur qu’elle recouvre, le premier feuillet de garde à la reliure d’un livre. L’ourlet qui termine le manteau et qui court sur le bord de la coquille est un organe qu’il faut distinguer du manteau lui-même.

Les rapports du manteau avec le test sont bien plus intimes que ne l’indiquent les comparaisons précédentes. Le manteau est, en effet, la matrice de la coquille ; c’est lui qui la produit et la répare.

C’est aussi le manteau qui, dans l’opinion de la plupart des naturalistes, produit les perles. Comme la coquille même, la perle serait une sécrétion de l’organe palléal. Telle est l’assertion répétée à l’envi par tous les auteurs classiques. Partout on retrouve cette assimilation de la coquille à la perle, considérées comme productions communes du même organe. La matière est la même, c’est le phosphate et le carbonate de chaux mêlés à une substance organique, la conchyoline ; l’ouvrier est le même, le manteau ; la mise en œuvre est seulement un peu différente, la matière étant disposée dans la perle en zones concentriques, tandis que dans le test les assises sont planes et superposées comme les pages d’un livre. On peut assez facilement cliver la coquille et particulièrement la nacre qui en est la couche interne, c’est-à-dire la débiter en feuillets.

Mais quelques naturalistes prétendent, au rebours de l’opinion précédente, que Le plus grand nombre des perles ne sont point une formation du manteau imitée de la formation de la coquille,