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premiers ; elles se sont répandues successivement chez les peuples voisins. D’après la légende hindoue, c’est le Dieu Krishna qui les aurait tirées de l’Océan pour en faire présent à sa fille Pandaia. Elles figurèrent plus tard dans les trésors de Salomon ; les Chinois, eux aussi, en connurent le prix.

Ce sont encore les mêmes régions, les mêmes bancs d’huîtres qui sont exploités aujourd’hui et fournissent les plus belles perles. Il est vrai que cette exploitation, par suite de diverses circonstances, a presque toujours été modérée et réglée. Parmi les anciennes pêcheries, celles de Ceylan sont les plus célèbres ; elles sont situées sur la côte orientale de l’île : les bancs de Kondatchy, de Negombo, de Chilan sont les plus riches. On cite encore les pêcheries de l’île de Manaar, au nord de Ceylan, et celles de la côte de Coromandel. Ce n’est pas que les mollusques producteurs de perles soient cantonnés dans ces seules régions ; mais c’est là que se rencontrent réunies au mieux les conditions assez complexes qu’exige leur récolte. Le gouvernement de l’Inde anglaise l’a, depuis longtemps, réglementée ; il la surveille et la contrôle. Il en tire d’ailleurs un profit important que l’on peut évaluer à plusieurs millions par an.

Dans le golfe Persique, sur la côte d’Arabie, les îles de Bahrein ou d’Aouab ont donné lieu, de temps immémorial, à la pêche des perles. Une population de trente mille pêcheurs, bateliers, plongeurs, trafiquans, Arabes, Indiens et Persans, vient chaque année s’abattre sur ces bancs pour y pratiquer la recherche des perles et, occasionnellement, la rapine. On évalue à quatre millions environ la valeur annuelle de la récolte. Les Grecs ont connu l’existence de ces riches gisemens. C’est de là sans doute qu’ils tiraient, par l’intermédiaire des Phéniciens, les perles dont les jeunes Athéniens ornaient leur oreille droite, coutume qu’ils avaient empruntée aux Perses. Les jeunes filles en portaient aux deux oreilles. Les perles, en Grèce comme à Rome, étaient d’ailleurs consacrées à Vénus, née comme elles de l’écume des ondes. C’est à la Vénus du Panthéon que l’empereur Septime Sévère dédia la perle, jumelle de celle que Cléopâtre, dans le célèbre festin qu’elle offrit à Antoine, avait avalée dans une coupe de vin.

À ces pêcheries anciennes sont venues s’ajouter celles que les découvertes géographiques ont successivement fait connaître dans les diverses parties du monde. Elles ne s’écartent guère de la région tropicale ; car c’est seulement dans les mers chaudes que