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homme superbe, d’une prestance fort noble, qui, en Prusse, a la réputation d’être fort galant. On l’appelle le Prince don Juan. Son goût trop marqué pour le beau sexe lui a attiré, à plusieurs reprises, des remontrances sévères du roi Frédéric, qui, sur ce chapitre, n’entend pas le badinage. »

On sait comment le prisonnier de Reiset fut conduit en France, où il resta près d’un an, et comment ensuite il fit un long séjour à Coppet, où peu s’en fallut que Mme Récamier ne devint sa femme. Reiset, lui, n’était point près de quitter l’Allemagne. Nous le retrouvons le 30 octobre à Templin, le 1er novembre à Oranembourg, le 3 à Potsdam, le 4 à Berlin, où Napoléon passe la revue de ses troupes.

« À 2 heures de l’après-midi, écrit Reiset, nous étions rangés en bataille avec toute la division sur la grande place en face du palais. L’Empereur, en arrivant, fit mettre pied à terre à chaque régiment l’un après l’autre. Il semblait de très bonne humeur, et parut si parfaitement content de la tenue du régiment que, sans que personne s’y attendit, il fit sur-le-champ plusieurs nominations. Notre tour vint enfin. Je commandais le 16e régiment de dragons, remplaçant le colonel qu’on avait fait descendre de cheval. Lorsque j’eus mis aussi pied à terre, l’Empereur me fit plusieurs questions ; et après m’avoir complimenté sur l’affaire de Prentzlau et la prise du prince de Prusse, il me demanda combien j’avais d’années de service et de grade de chef d’escadrons. Et après avoir écouté ma réponse : — Eh bien, dit-il, il n’y a qu’à le faire major ! — Puis, se tournant vers un officier général : — Inscrivez-le major ! — dit-il ; et il pourvut de suite à mon remplacement.

« Après la revue, le régiment alla occuper son bivouac dans un cimetière et une église au milieu de la ville. Je fus logé au no 33, sur une promenade appelée Unter den Linden. On ne sait rien de la paix ici : nos succès sont prodigieux, et l’armée va toujours son train. L’Empereur paraît encore vouloir rester ici… On dit qu’il n’a voulu traiter de paix ni avec M. de Lucchosini, ni avec un autre officier du roi qui est ici. Il veut traiter avec le roi de Prusse lui-même. On raconte que la reine s’est empoisonnée de désespoir. Quant aux Russes, on les annonce toujours, mais on n’en voit nulle part. »

Deux jours après. Le 6 novembre, l’armée quittait Berlin pour aller en Pologne ; mais le major de Reiset, de nouveau, était