II
Nous ne suivrons pas Reiset dans sa longue relation de la campagne de Suisse, qui l’occupa durant toute l’année 1799. Mieux vaut nous en tenir à un épisode de cette campagne, où il se trouva chargé d’un rôle particulièrement important, et dont il a fait, comme on va voir, un récit plein de couleur dans sa simplicité : la prise de Zurich, accomplie le 26 septembre, à la suite de la victoire remportée par Masséna sur les armées autrichiennes et russes.
« Après avoir attendu quelques heures que Soult et Masséna lui-même aient passé la Limmat, écrit Reiset, Zurich fut tourné, et je fus envoyé avec un trompette et une ordonnance pour sommer la ville de se rendre. Quelques tirailleurs se retirent à mon approche. J’arrive à la place qu’occupaient les lignes russes, et je ne trouve que les sacs de leur infanterie alignés avec un ordre admirable. J’arrive au faubourg et j’avance dans la ville, ne trouvant que des fuyards, mais recevant des coups de fusil au détour de toutes les rues. Arrivé au pont de la Limmat, dans le centre de la ville, je suis arrêté par un poste d’infanterie embusqué sur l’autre rive. Après avoir essuyé le feu, j’appelle l’officier à moi, et je lui dis en allemand que je suis un parlementaire, que la ville est à nous, et que toute résistance est vaine désormais ; qu’il ait donc à me rendre son épée et à faire mettre bas les armes. Mon trompette sonnait. En même temps j’entendis des voix qui me criaient : « À moi, mon capitaine, ils ne sont qu’une vingtaine ! » À ce moment je m’élançai sur l’officier, je lui arrachai son épée que je jetai dans la Limmat ; et, le soulevant par son hausse-col, j’allais en faire autant de lui-même, lorsqu’il se jette à genoux sous mon cheval, me demandant grâce de la vie. En même temps je vis le poste entier jetant ses armes et fuyant. Mon ordonnance avait lui-même distribué quelques coups de sabre, et nous délivrâmes à peu près 300 prisonniers français que ce poste maintenait dans les premières maisons de l’autre côté du pont.
« Nos prisonniers s’emparèrent des armes russes, et j’en profitai pour me protéger dans le cas où j’y serais assailli. Je poursuivis mon chemin jusqu’au quartier général du prince Jean et de Korsakoff, non sans beaucoup de peine et de danger, recevant des