modo ce dont il a été convenu : 1o l’État de Massa et Carrara sera la cause ou le prétexte de la guerre ; 2o le but de la guerre sera de chasser les Autrichiens de l’Italie et de constituer le royaume de la Haute Italie, composé de toute la vallée du Pô, des Légations et des Marches ; 3o cession de la Savoie à la France ; celle du comté de Nice est en suspens ; 4o l’Empereur se croit sûr du concours de la Russie et de la neutralité de l’Angleterre et de la Prusse.
« Toutefois, l’Empereur ne se fait pas illusion sur les ressources militaires de l’Autriche, sur sa ténacité, sur la nécessité de l’abattre, pour en obtenir la cession de ses provinces. Il me dit que la paix ne sera signée qu’à Vienne et que, pour atteindre ce but, il faut préparer une armée de 300 000 hommes ; il enverra 200 000 combattans en Italie ; il demande 100 000 Italiens.
« L’Empereur est entré dans de nombreux détails sur les choses de la guerre, qu’il me charge de te communiquer ; je te les rapporterai de vive voix. Il paraît avoir étudié la question mieux que ses généraux ; ses idées me semblent justes.
« Il parle aussi du commandement, de la conduite à tenir avec le Pape, du système d’administration à établir dans les pays occupés, des moyens de finance, en un mot de toutes les choses essentielles à notre grand projet. En tout nous avons été d’accord.
« Le seul point non résolu est celui du mariage de la princesse Clotilde. Le Roi m’avait autorisé à conclure, si l’Empereur devait en faire une condition sine qua non de l’alliance. L’Empereur n’ayant pas poussé si loin ses exigences, en honnête homme je n’ai pas pris l’engagement. Mais je suis resté convaincu qu’il attache à ce mariage une très grande importance, et, comme de lui dépend le succès final de l’alliance, ce serait une erreur, et une erreur très grave, de s’unir à l’Empereur, et en même temps de lui faire une offense qu’il n’oublierait jamais. Il y aurait ensuite à craindre que le prince Napoléon, qui a du sang corse dans les veines, ne devînt, au sein de ses conseils, notre ennemi implacable. J’ai écrit au Roi avec chaleur, le priant de ne pas livrer au hasard la plus belle entreprise des temps modernes, par des scrupules aristocratiques. Je te prie, au cas où il te consulterait, de joindre ta voix à la mienne. Qu’on ne tente pas une entreprise, qui peut mettre en péril la couronne de notre Roi et la destinée du pays ; mais, si on la tente, pour l’amour du ciel, qu’on ne néglige