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de guerre à ses confédérés : « Je suis plus Prussien qu’Allemand, » disait-il au général Govone. M. de Cavour, au contraire, plus Italien que Piémontais, a fait l’Italie par la liberté, par l’attraction des idées et des sentimens. Il n’a pas eu de modèle, il est venu le premier, et ce qui fait sa grandeur et sa supériorité, c’est que dans le succès il a fait preuve de mesure ; il n’a pas été brutal. Tous les deux ont eu la fortune d’être les conseillers de deux souverains ambitieux qui ont su les comprendre, masquer leurs desseins et leur assurer les alliances nécessaires, l’un par sa grâce et sa fine bonhomie, l’autre par sa rondeur soldatesque. La Prusse avait l’empereur Alexandre dans son jeu, le Piémont avait l’empereur Napoléon III. Si M. de Cavour maintenait la question italienne ouverte, au risque de se faire écraser par l’armée autrichienne, c’est qu’il se sentait sûr d’un appui de premier ordre ; il savait qu’il avait la France derrière lui, résolue à ne jamais permettre à l’Autriche d’étendre sa domination jusqu’aux Alpes. Sa presse, savamment inspirée, avait soin d’ailleurs d’exciter et d’entretenir nos sympathies ; et, par le jeu souterrain de sa politique, il ravivait dans le cœur de Napoléon III les souvenirs du carbonaro.


II. — L’ATTENTAT D’ORSINI

Bien des symptômes indiquaient, dès le lendemain de la paix de Paris, que la question italienne ne tarderait pas à être résolue, soit violemment, soit par des négociations inspirées de l’esprit des nationalités. Les peuples et les gouvernemens semblaient être dans l’expectative de graves événemens. L’hostilité n’était nulle part, mais la netteté et la cordialité des rapports faisaient partout défaut. Ce qui ajoutait à la tension indéfinissable des relations internationales, c’était la situation inquiétante de l’empire ottoman. La guerre avait arrêté la Russie dans sa marche envahissante sur Constantinople, mais les populations chrétiennes de la Turquie, en proie à la fièvre de l’indépendance, menaçaient partout de secouer le joug musulman. L’Herzégovine et la Bosnie se soulevaient ; l’Albanie suivait le mouvement ; des conflits éclataient sur les frontières du Monténégro ; une partie de la Turquie était en proie aux luttes sanglantes et à la dévastation. Les problèmes issus de la guerre de Crimée n’étaient pas résolus ; celui des Principautés danubiennes en particulier divisait les puissances. L’Autriche,