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proclamations faisaient entrer dans la politique une force nouvelle, celle des nationalités, qu’elles provoquaient et encourageaient des aspirations que, plus tard, leur pays serait impuissant à satisfaire.

La question italienne. — posée pour la première fois officiellement et solennellement au Contres de Paris, — remonte, on le voit, aux guerres du premier Empire.

Depuis lors, elle a été directement ou indirectement mêlée à tous les événemens ; elle s’est, par la force des choses, avec plus ou moins d’acuité, introduite dans les chancelleries et dans les salles des congrès ; elle s’est imposée à la Restauration, au gouvernement de Juillet, à la République de 1848, au second Empire. L’Autriche était inexpugnable dans la péninsule, tant qu’elle n’avait pour adversaires que des carbonari et des mazziniens, car elle défendait en Italie, contre les menées révolutionnaires, à la satisfaction de tous les gouvernemens autoritaires, les principes d’ordre et les intérêts dynastiques. Il n’en fut plus de même lorsque Charles-Abbert, brisant avec l’absolutisme, devint un souverain constitutionnel : lorsqu’il put prouver par l’exemple du Piémont que l’Italie libérale n’était pas ingouvernable, et que, d’ailleurs, les excès révolutionnaires étaient eux-mêmes provoqués par les princes, encouragés par les conseils du cabinet de Vienne et soutenus par ses baïonnettes. À partir de ce jour, l’Autriche, avec sa prépondérance absolutiste et envahissante, et Le Piémont, avec son ambition et ses tendances nationales et libérales, se trouvèrent en face l’une de l’autre, voués à un antagonisme irréconciliable.

L’Autriche défendait les positions qu’elle tenait des traités de 1815 ; l’esprit national, inspiré par le Piémont, cherchait à les conquérir.

La presse et le parlement de Turin, dans leurs polémiques et leur-discussions retentissantes, s’adressaient à l’opinion européenne. Ils demandaient que les mauvais gouvernemens de la péninsule cessassent d’être soutenus par l’Autriche et réclamaient la fin d’un état de choses qui livrait à une puissance étrangère toutes les positions stratégiques de l’Italie. Ils s’efforçaient d’assurer à leur pays les sympathies du parti libéral en Europe et L’appui des puissances, Lesquelles, dans un intérêt d’équilibre, devaient vouloir La pondération des forces au delà des Alpes. L’attitude défensive du cabinet sarde donnait à la question italienne