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LE PROBLÈME CHINOIS

II.[1]
LE PEUPLE CHINOIS ET SES RELATIONS ACTUELLES AVEC LES EUROPÉENS


I

Le peuple chinois est à la fois le plus nombreux du globe et celui qui a la plus longue existence nationale. Ses annales remontent à peu près aussi loin que celles de l’Égypte et, il y a vingt siècles, alors qu’aucun des États qui se partagent aujourd’hui le monde n’était même encore en formation, l’État chinois, après avoir traversé diverses phases d’évolution, était constitué déjà d’après les principes mêmes sur lesquels il repose aujourd’hui. Tandis que des changemens profonds et répétés ont modifié de fond en comble à plusieurs reprises, depuis deux mille ans, l’organisation sociale et les habitudes d’esprit de tous les autres habitans de la terre, les Chinois n’ont presque pas changé. L’introduction même d’une religion nouvelle n’a rien produit de comparable, à l’Orient de l’Asie, à la révolution qu’amena vers la même époque l’expansion du christianisme en Occident. Le bouddhisme n’a pas transformé le peuple chinois ; c’est le peuple chinois qui a modifié le bouddhisme et l’a modelé à son image, sans que la doctrine de

  1. Voir la Revue du 15 novembre 1898.