remaria, eut deux autres enfans de sa nouvelle femme. Tous les sept sont grands aujourd’hui et au service. Quant à lui, c’est un vieux professionnel des phares et il aime autant cette vie-là qu’une autre. Ses « collègues » sont pleins d’attention pour lui, l’aident dans les travaux d’intérieur, lui font la lecture. Il est le doyen des gardiens, comme tel respecté. Ses notés sont excellentes ; il n’a pas été puni une seule fois dans toute sa carrière. À ce vieux brave, s’il est encore en vie quand sonnera l’heure de la retraite, l’administration française allouera 400 francs par an et se croira quitte.
Il en recevrait le triple aux États-Unis, le double en Angleterre. Nulle part le traitement des gardiens n’est aussi faible qu’en France. On alléguera que le décret du 11 janvier 1884 a surélevé ce traitement une première fois et qu’aussi bien, le nombre des demandes d’entrée dans l’administration des phares passe celui des admissions. Cela est vrai peut-être sur le littoral de la Manche et de l’Océan ; mais, si je ne me trompe, le recrutement des gardiens de phare présente déjà quelque difficulté sur le littoral de la Méditerranée où il a fallu, par des indemnités spéciales, porter le traitement de début des gardiens à 72 francs par mois, quoique le service y soit singulièrement moins périlleux et moins rude que sur les côtes vendéennes ou bretonnes. Un moment viendra sans doute où le personnel des phares, qu’on réduit déjà au strict minimum, pourra être bien diminué encore. L’Amérique possède depuis plusieurs années des fanaux permanens de pleine mer dont l’éclairage s’opère sans l’intervention de gardiens. Chacun de ces fanaux est muni de réservoirs en tôle d’acier, dans lesquels on emprisonne, sous la pression de quinze atmosphères, une quantité de gaz ou d’huile minérale susceptible de fournir trois mois de lumière au brûleur. D’Amérique, ce mode d’éclairage a passé chez nous, où il fonctionne sur quelques points de la côte, tels que le récif de Lavardin, près de La Rochelle, et le récif des Chiens-Perrins, près de l’île d’Yeu. L’écueil de la Horaine a reçu, il y a quelques mois, un de ces feux permanens et on en établit, en ce moment, à Porsal et sur le Pot-à-beurre (entrée de l’Abervrac’h). Quelques feux isolés de pleine mer (l’île Harbour, la Corne, le Haut-Banc du Nord) ont même été remplacés, en ces dernières années, par des feux permanens autonomes. Il y a évidemment là, pour le régime des phares français, une économie appréciable et dont ne peut