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l’Atbara, près de son confluent avec le Takazzé (Setit) qui descend du centre de l’Abyssinie et en constitue une des vallées principales ;

Matamma-Kalabat, sur l’Atbara supérieur, nœud des communications de l’Abyssinie avec le Soudan sur la route du lac Tsana et sur la route de Gondar, la capitale historique et morale de l’Abyssinie.

Je crois que c’est là, en ce coin de pays, qu’est le point le plus faible de toute la frontière abyssine, parce que quelques voies s’y ouvrent le long des vallées à travers les montagnes qui y sont moins escarpées et moins difficiles, et parce qu’il doit être relativement aisé de concentrer des troupes à Matamma, de les y faire vivre, d’y créer une base d’opérations, et d’y manœuvrer avec une certaine liberté d’action. C’est à Matamma que le roi Jean attaqua les Derviches ; mais sa mort changea un commencement de victoire en défaite des Abyssins, sans toutefois que les Derviches osassent avancer.

Famaka, sur le Nil Bleu, a son confluent avec l’aurifère Tomat, au centre des territoires de Dar Rosaires et de Fazokl, où l’Abai (ou Nil Bleu) sort des montagnes : par conséquent Famaka ouvre les routes qui conduisent au Godjam.

Fadasi, en territoire géographiquement peu connu encore, aux sources du Yaouach, sur le chemin le plus direct qui mène de chez les Gallas, tributaires du Godjam et du Choa, à Fachoda et au territoire des Gazelles.

Tels sont les points géographiques qui dominent les débouchés des vallées abyssines dans les plaines ondulées du Soudan ; mais on peut dire que l’Abyssinie tout entière appartient au bassin du Nil, auquel elle apporte par ses rivières l’humus qui féconde la terre d’Égypte. En effet, la colonne vertébrale de l’Abyssinie est formée d’une chaîne de montagnes, qui va du Sud au Nord le long de sa frontière orientale. Cette chaîne s’abaisse rapidement à l’orient vers la mer Rouge et vers le golfe d’Aden, c’est-à-dire vers le pays des Danakils et des Somalis, tandis qu’à l’occident s’étendent de longs et enchevêtrés contreforts, formés par de hautes montagnes, dont quelques-unes (dans le Semen) sont plus élevées que les crêtes de cette colonne vertébrale elle-même. Du versant oriental de cette épine dorsale, ou colonne vertébrale, comme de tous ses contreforts, les eaux, avec un long et sinueux parcours, portent leurs tributs « au père Nil » et