de la France. La Réforme n’a rien détaché de lui, sinon la portion de ses biens qui étaient sis en Allemagne. En devenant protestante, celle-ci a mis la main sur les fondations faites au profit de l’Ordre par la piété catholique. Mais l’Allemagne protestante a acquis la richesse seule, et de toute cette richesse, elle n’a pu acheter une seule vertu semblable à celles que ces biens servaient auparavant. Partout où la Réforme a triomphé, l’Ordre est mort comme sèche la branche coupée. Ceux qui se disent les chevaliers luthériens de Saint-Jean, ne sont pas les fils d’une gloire religieuse, ils ne sont que les bénéficiaires d’une confiscation. Dès qu’à la place consacrée par le dévouement de l’Ordre hospitalier s’élevait un temple protestant, mensonge de pierre dressé contre l’histoire ; dès qu’une gloire catholique et française des croisades était transformée en un hommage à la confession d’Augsbourg, de faux chevaliers devaient être les premiers fidèles de ce faux culte. En eux et en lui, le droit des souvenirs était profané par la même violence. Car c’est une profanation quand les héritiers d’un nom sanctifié par la foi et les œuvres non seulement n’agissent, mais ne croient plus comme ceux dont ils perpétuent le nom, et quand les vertus des grands morts ne servent plus qu’à soutenir les petites vanités des vivans.
Dans cette cérémonie religieuse, seul est beau ce qui n’est pas elle. Le spectacle méritait le regard avant qu’elle commençât, quand le cortège s’acheminait vers le Temple. L’intérêt renaît quand elle est finie, et que l’Empereur sort du Temple, escorté de ses deux étendards, et suivi par son escorte. Les pasteurs sont demeurés dans l’édifice, ou sortis par une autre porte, mais, absens, ils ne manquent pas. Malgré l’orgue qui donne toutes ses voix, et les cloches qui sonnent, cette solennité n’est pas une fête de la prière. Pas un instant, au-dessus des aigles qui étendent leurs ailes de fer sur les casques, ne s’est élevé ce vol de colombes que jadis les foules mystiques et pieuses voyaient parfois porter au ciel les adorations des cœurs humbles et simples. Ce n’est qu’une fête de la force : les aigles ont remercié leur créateur de leur avoir fait l’essor puissant et la serre aiguë. Mais il y a aussi une majesté dans la force comme pour accroître ce prestige, le cortège des officiers allemands s’accroît lui-même. Beaucoup de ces officiers, en congé ou en réserve, étaient parmi les porteurs de cartes, et avaient dû se rendre au temple avant l’Empereur. Mais ils y sont venus en uniforme, et sortent derrière