semblant de rue, sa plus grande étroitesse, et n’a là que la largeur d’un portail enfoncé sous un petit porche, une rosace lourde, et un pignon plus lourd. Sur ce fronton de chapelle, le premier dessinateur de l’Empire par droit de naissance a élevé un clocher de cathédrale. De même style que le temple, il superpose un cube de maçonnerie nue, deux étages d’arcatures à jour, et se termine par une pyramide quadrangulaire. Ce clocher en vaut un autre, qui ne serait pas beau. Mais l’originalité est la rencontre de cette masse et du mince édifice. Le clocher, qui devrait prolonger en hauteur un angle de la façade, élargit sa base sur plus de la moitié du portail, déforme toutes les lignes et rompt toutes les proportions du monument. Il ne suffisait pas qu’il remplît son office ordinaire, il fallait qu’il représentât la majesté impériale. Elle s’est trouvée trop vaste pour les bases qui la supportent.
Autour du Temple, l’enchevêtrement est tel des vieilles demeures et des voies étroites, qu’il faut vouloir et chercher pour contempler d’ensemble cette disproportion. C’est par-dessus l’heureux obstacle des murs et des terrasses que le clocher, seul visible de loin, élève dans le ciel sa croix de pierre neuve. Devant la façade, il est vrai, s’étendait naguère un terrain vague et assez vaste pour qu’on le pût transformer en place. Mais la fortune de l’Empereur a épargné à son œuvre le péril de devenir trop accessible. Ce terrain appartenait aux Arméniens qui sont payés pour se défier de tout et de tous. La peur les prit que l’Allemagne songeât à acquérir d’eux, malgré eux. On sait que les diverses communions, fort jalouses les unes des autres, tiennent à conserver leurs propriétés dans Jérusalem, et surtout aux alentours du Saint-Sépulcre. En face du Temple, les Arméniens se sont donc hâtés de clore l’espace libre par une longue façade de maisons. Ce sont des rez-de-chaussée aux piliers et au fronton de pierre, entre lesquels des baies rigoureusement closes semblent prêtes à s’ouvrir sur de vastes magasins. En réalité, il n’y a de magasins et de maisons que la devanture. Derrière, pas amorce d’édifice, pas vestige de fondations. Mais les amateurs indiscrets de cet emplacement ne pourront plus prétendre qu’on le leur vende comme un terrain sans emploi. Les Arméniens lui ont assigné une destination. Sur ses parties restées nues s’étend un « devenir » de boutiques et de baux : ce devenir fournit aux propriétaires prétexte pour ne pas céder un immeuble de rapport. Il manque à cet immeuble d’être construit : détail négligeable