l’Assistance publique et de la Statistique. » Ses motifs ne diffèrent guère, — ou même pas du tout, — de ceux de M. Dutreix, et comme on peut le croire, ils ne sont pas aimables pour la société bourgeoise : le « prolétariat et le capitalisme terrien ou industriel » s’y entre-choquent terriblement : et c’est un grand cliquetis de mots, parmi lesquels, comme de juste, « la solidarité humaine » et « les progrès de la science » sont en belle place.
Laissons aller les phrases, la proposition subsiste. Si on l’examine en elle-même, on n’aperçoit contre la création d’un ministère du Travail que deux objections, en contradiction l’une avec l’autre : l’une, que cette création ne serve à rien, n’aboutisse à rien qu’à un simple changement d’étiquettes : sous-secrétariat du travail au lieu d’office du travail, et qu’il n’en soit après comme avant ; l’autre, que ce ministère devienne omniscient, omnipotent, ubiquiste, inquisitorial, despotique, qu’il soit, envers et contre les patrons et les ouvriers à la fois, pour leur bonheur à tous et par excès de bonté, comme une préfecture de police du travail. Mais, entre les deux extrêmes opposés, entre ne rien faire et trop faire, il y a un milieu, qui est de faire quelque chose ; et le quelque chose à faire, pourquoi ne serait-ce pas, avec telle ou telle correction opportune, un ministère du Travail sur le modèle belge, aujourd’hui éprouvé et consacré par trois ans de pratique ?
Ce n’est pas une raison pour repousser la proposition, que ce soient des socialistes, MM. Vaillant, Dutreix et consorts, qui la présentent. Peut-être eût-il fallu prendre les devans et partir plus vite qu’eux, mais, puisque ce sont eux qui sont arrivés les premiers, il faut du moins ne pas leur en abandonner tout l’honneur et tout le fruit. Suivons-les donc tant qu’ils ne nous conduiront pas plus loin : pour le reste, c’est à nous de voir où ils vont et de savoir jusqu’où nous pouvons aller. Mais ne point bouger d’une ligne, résister toujours et quand même, serait une politique on vérité aveugle et sourde. Les socialistes ne manqueront pas de dire, — M. Vaillant l’a déjà dit, — que « le riche et le puissant ne cèdent au pauvre et au faible que ce qu’ils savent ne pouvoir lui refuser plus longtemps sans danger. » Et, s’ils n’apportaient à ce langage aucun correctif, bien qu’il contienne une part de vérité,