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celui-là, du moins quant à l’exécution des lois, puisque c’est de lui que dépend l’inspection du travail ; actif encore, puisque c’est lui qui a charge de promouvoir, avec des moyens moindres, il est vrai, ou moins variés que ceux dont dispose le ministère belge, les institutions de tout genre destinées à procurer plus de bien-être à l’ouvrier. À la Direction actuelle du personnel, de la comptabilité et de l’enseignement technique on prendrait les deux bureaux de l’enseignement industriel et de l’enseignement commercial. Mais, ces trois opérations faites, — et il n’y en aurait pas d’autres à faire au ministère du Commerce, — le ministère français du travail ne correspondrait pas encore au ministère belge. Il faudrait détacher, en outre, pour les lui donner, du ministère des Travaux publics, l’administration des mines, et du ministère de l’Intérieur, les sociétés de secours mutuels. Ainsi, par les mêmes procédés, avec les mêmes attributions, pourrait-on former et faire vivre un ministère du Travail qui fût chez nous à peu près le même qu’il est en Belgique.

Mais ce n’est pas de quoi satisfaire les ambitions de ceux de nos législateurs qui ont pris l’initiative de cette création. Ces procédés empiriques, par tâtonnemens et petites touches, ne parlent pas à leur imagination. Ils conçoivent leur réforme, comme ils conçoivent toutes choses, et la société future elle-même, théoriquement et non organiquement. M. Dutreix, on lui doit cet hommage[1], est plus modeste que son collegue M. Vaillant. Il se contenterait en effet « d’un sous-secrétariat d’État du travail au ministère du Commerce, en remplacement de l’Office du travail, » « lequel sous-secrétariat serait l’organe attitré des travailleurs de France et des colonies, » et aurait « la connaissance de toutes les questions intéressant le monde du travail : législation du travail, hygiène, assistance et prévoyance mutuelles. » Quant à l’exposé des motifs, c’est la reproduction, on peut dire textuelle, du rapport que le même M. Dutreix avait rédigé sur la proposition de M. Vaillant, vers la fin de la précédente législature. En ce temps-là M. Vaillant réclamait un « ministère du Travail, de l’Hygiène et de l’Assistance publique ; » loin d’en avoir rabattu depuis lors, il veut maintenant un « ministère de l’Hygiène, du Travail, de

  1. Voyez le rapport de M. Ch. Dutreix, député, sur la proposition de M. Ed. Vaillant tendant à la création d’un ministère du Travail, et la proposition du même M. Dutreix tendant à la création d’un sous-secrétariat d’État du Travail au ministère du Commerce. — Chambre des députés, sixième législature, session de 1897, no 2498, et septième législature, session extraordinaire de 1898, no 335.