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veiller à ce que l’unité de vues la plus complète préside à leur fonctionnement et à ce que leurs travaux soient menés d’après un plan d’ensemble méthodiquement tracé et rigoureusement suivi. » C’est un devoir dont le premier et jusqu’ici l’unique ministre de l’Industrie et du Travail qu’ait eu le royaume de Belgique, M. Albert Nyssens, n’a jamais négligé de s’acquitter ; et nos voisins ont eu la bonne fortune, au moment même où ils étaient dotés d’un ministère nouveau, de rencontrer tout de suite le ministre qu’il fallait à ce ministère : une pareille chance n’échoit qu’à ceux qui la méritent et savent l’aider un peu.


III

Au point où nous en sommes, nous ne nous étendrons longuement ni sur le Département fédéral du travail aux États-Unis ni sur le Secrétariat ouvrier suisse. Ni l’un ni l’autre, en effet, ne nous offrent ce que nous avons trouvé en Belgique : un organisme parfait, lisez : distinct, autonome et indépendant, un véritable ministère. Surtout nous n’aurons garde d’aller chercher en Allemagne et en Angleterre des modèles qu’avec la meilleure volonté du monde elles ne peuvent nous fournir, puisqu’ils n’existent pas dans leurs institutions.

Le Secrétariat suisse des ouvriers, quel que soit le rôle qu’il joue dans la législation sociale de la Confédération, est par ses origines une fondation privée, à laquelle le gouvernement se contente d’allouer une subvention plutôt faible, — ainsi qu’il le faisait auparavant déjà, pour les secrétariats de l’agriculture, des arts et métiers, du commerce et de l’industrie. On se rappelle qu’il naquit au « jour d’Aarau, » le 10 avril 1887, dans l’assemblée générale tenue par les délégués des ouvriers suisses, — où étaient représentées vingt-deux associations centrales et environ cent trente sociétés locales, petites ou grandes, sociétés de métiers, caisses mutuelles de secours, etc., de tous les cantons, — sur l’initiative du Grutli Verein, qui, pour sa part, comptait alors 13 000 membres. En ce jour d’Aarau, on discuta les statuts d’une fédération ouvrière suisse, on élut un comité central et un comité directeur, on proposa trois candidats pour le poste de secrétaire ouvrier ; le lendemain, 11 avril, le comité central entendit deux de ces candidats et choisit M. Hermann Greulich, dont le programme indiquait comme devant être immédiatement abordés ces trois points :