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1869 à 1889, on peut citer une quarantaine de lois ou ordonnances sur les rapports entre patrons et ouvriers, la responsabilité des patrons, les caisses de secours enregistrées, les assurances ouvrières contre les maladies, contre les accidens, contre la vieillesse et l’invalidité, sur le salaire des ouvriers, pour la réglementation du travail des femmes et des enfans, sur le travail du dimanche ; en Autriche, une trentaine, et en Hongrie une quinzaine, pendant la même période ; ne parlons pas de la Suisse qui est la terre sacrée de la législation ouvrière ; mais, entre toutes les nations de l’Europe, c’est comme une rivalité. Lorsque s’ouvrit à Berlin, sur l’invitation de l’empereur allemand, la conférence ouvrière de 1890, où treize pays étaient représentés, chacun mit son honneur à se défendre d’être en arrière à cet égard, et ceux mêmes qui, comme l’Italie et le Danemark, ne pouvaient alors présenter que six ou sept lois, ne voulurent point passer pour n’avoir rien fait : aucun ne voulut avoir été le dernier à étudier, à poser, sinon à résoudre, ce redoutable problème du sort des ouvriers. Est-il besoin d’ajouter que si la vieille et conservatrice Europe, — conservatrice précisément parce qu’elle est vieille, — va de ce pas dans cette voie, l’Amérique toute neuve, et qui se crée sans se tirer de l’histoire, l’y précède de sa jeune audace ? Dix-huit États[1] parmi ceux qui composent l’Union ont déjà, pour des catégories diverses de travailleurs et à des conditions diverses, admis la journée de huit heures ; trente-deux ou trente-trois ont réglé et surveillent de très près le contrat de travail[2]

  1. Ces États sont : la Californie, le Colorado, le Connecticut, le district de Colombie, l’Idaho, l’Illinois, l’indiana, le Kansas, la Nebraska, le Missouri, le Montana, New-Jersey, New-York, l’Ohio, la Pensylvavie. l’Utah, le Wisconsin, le Wyoming.
  2. Lois formelles contre le boycottage : Colorado, Illinois et Wisconsin. — Lois formelles contre le blacklisting : Alabama, Colorado, Connecticut, Floride, Géorgie, Illinois, Indiana, Iowa, Minnesota, Missouri, Montana, Nevada, North Dakota, Oklahoma, Utah, Virginia et Wisconsin. — Lois qu’on peut naturellement interpréter comme prohibant le boycottage : Alabama, Connecticut, Floride, Géorgie, Maine, Massachusetts, Michigan, Minnesota, Mississipi, Missouri, New-Hampshire, New-York, North Dakota, Oklahoma, Oregon, South Dakota, Texas, Utah, Vermont et Wisconsin. — Lois qu’on peut naturellement interpréter comme prohibant le blacklisting : Géorgie, Michigan. New-Hampshire, New-York, Oklahoma, Oregon, Rhode Island, South Dakota. — États dans lesquels il est illégal pour tout patron d’exiger d’un employé comme condition de l’emploi l’engagement, écrit ou verbal, de ne pas être ou devenir membre d’une organisation de travail : Californie, Colorado, Idaho, Indiana, Massachusetts, Minnesota, Missouri, New-Jersey, New-York, Ohio et Pensylvanie.
    Les principales organisations américaines du travail sont :
    L’American Federation of Labor. Organisée à Columbus (Ohio) en déc. 1886. — 7000 unions locales, 650 000 adhérens : affiliations, droit d’action indépendante réservé. Président Samuel Gompers, New-York.
    Les Knights of Labor (Chevaliers du Travail), Assemblée générale organisée à Reading (Pensylvanie) en 1878, 200 000 membres. Maître général, J. -R. Sovereign. — Sulphur Springs (Arkansas).
    La Socialist Trade and Labor Alliance. Organisée à New-York (déc. 1895) par les unions dissidentes des « Knights of Labor » et de l’« American Fédération of Labor, » 25 000 adhérens. Son premier président a été Daniel De Léon.
    Des Trades-Unions, affiliées à VAmerican Fédération of Labor, les plus importantes sont :
    La Fraternité des charpentiers et menuisiers 60 000 membres
    L’Association des ouvriers du fer et de l’acier 40 000 —
    L’Union typographique internationale 40 000 —
    L’Union des maçons en pierres et en briques 35 000 —
    La Fraternité des constructeurs de locomotives 32 000 —
    L’Union internationale des cigariers 30 000 —
    L’Union des fondeurs-mouleurs de l’Amérique du Nord. 30 000 —
    La Fraternité des mécaniciens de chemins de fer 25 000 —
    chauffeurs 32 000 —
    L’Association internationale des ouvriers mécaniciens 20 000 —
    Les Mineurs unis d’Amérique 20 000 —
    L’Union des ouvriers tailleurs d’Amérique 20 000 —