on a constaté les liens étroits de parenté qui l’unissent à d’autres alcaloïdes tels que l’atropine.
La cocaïne est formée par l’union de trois substances : l’alcool méthylique, l’acide benzoïque et une substance azotée, l’ecgonine. Si le nom du composé doit, suivant la règle classique, reproduire les noms des composans, la cocaïne devrait s’appeler méthyl-benzoyl-ecgonine, et c’est en effet ainsi que les chimistes la désignent.
Il y a plusieurs manières de combiner ces trois élémens, et, par conséquent, il y a donc plusieurs manières de réaliser la synthèse de l’alcaloïde. On peut partir, ainsi que l’ont fait les chimistes allemands Einhorn et Willstæter, de l’ecgonine qui est un déchet de la fabrication de la cocaïne. Il est facile de la combiner avec l’alcool méthylique : il suffit de l’y dissoudre. La méthyl-ecgonine ainsi obtenue est, après purification, traitée par le chlorure de benzoyle.
La constitution de la cocaïne laisse prévoir l’existence d’un grand nombre de substances homologues. Il suffit d’imaginer chacun des élémens remplacé tour à tour par un autre qui soit équivalent et de même fonction. Il n’y a donc pas une unique cocaïne, il y en a une infinité : elles forment ce que l’on appelle la série cocaïnique. Ces corps n’ont pas seulement une existence subjective : on en a préparé un certain nombre : on en a retrouvé quelques-uns à l’état naturel dans les feuilles des diverses variétés d’Erythroxylon qui fournissent la coca.
On conçoit immédiatement l’existence possible de trois séries de dérivés, suivant qu’on remplacera l’ecgonine, ou l’alcool méthylique, ou le radical benzoïque par des corps homologues. Le remplacement de l’ecgonine donne naissance aux corps désignés sous le nom d’homocaïnes ou norcocaïnes. L’ecgonine est elle-même un corps azoté compliqué ; elle a le même noyau de formation (tropine) que certains alcaloïdes des solanées (atropine, hyoscyamine, etc.). Cette tropine commune explique la communauté de quelques effets physiologiques de ces substances, par exemple, la dilatation de la pupille. C’est à ce groupe de dérivés par substitution de l’ecgonine qu’appartiennent la tropacocaïne, les eucaïnes, l’holococaïne, toutes substances récemment introduites dans la pratique médicale, et particulièrement dans la chirurgie oculaire, et dont quelques-unes seraient à divers égards préférables à la cocaïne elle-même.