gravement et se dirige vers la boutique d’un apothicaire. Là, il reçoit entre ses mains un ustensile de grande intimité et commence, toujours à cheval, son diagnostic. Malheureusement, vient à passer un Florentin muni d’un porc. Le poulain s’effarouche, se cabre et s’emporte. Le médecin vole à travers les revendeurs de ferrailles, tenant toujours le précieux vaisseau. Il accroche sa belle fourrure à quelque engin malencontreux et perd son capuchon. Il court ainsi jusqu’à la porte de Prato : les officiers de la gabelle ferment la porte et arrêtent enfin le docteur et sa bête. Mais ce fut le début d’une renommée scientifique. Gabbadeo, illustre désormais, devint un grand médecin et mourut à la tête de six cents florins.
Le conteur juge les astrologues parfaitement ridicules. Depuis le XIIIe siècle, l’astrologie, si puissante en Italie au temps de l’empire romain, était une recherche fort en honneur chez les gibelins. Frédéric II ne voyageait point sans la compagnie de son astrologue Théodoros ; Ezzelino da Romano entretenait toute une cour de magiciens, tels que Guido Bonatto et le Sarrasin Paul de Bagdad. Jusqu’au XVIe siècle, les princes, les communes, les universités consulteront les astres avant d’entreprendre quelque affaire d’importance, une guerre, un traité. Jules II, Léon X, Paul III, demanderont au ciel le secret de leurs destinées et des conseils pour le prochain consistoire. On tirait l’horoscope des enfans ; les condottières s’informaient près des sages de la porte qu’ils devaient prendre pour sortir, avec leurs bandes, d’une cité. Contre cette folie le bon sens florentin lutta de très bonne heure presque sans trêve ; le scribe inconnu du Novellino, Pétrarque, Jean et Mathieu Villani, et surtout Savonarole, se moquent des astrologues, que Pic de la Mirandole accablera sous le poids d’une réfutation théologique et scolastique. Quant à Sacchetti, qui n’est point théologien, il se contente de convaincre lui-même, d’une façon toute socratique, le devin Fazio de Pise de charlatanisme et de sottise. Il se trouvait à Gênes, sur la place des Marchands, en compagnie « d’hommes très sages venus de tous pays, » de Florence, de Lucques et de Sienne. Fazio se vantait de lire dans les astres toutes sortes de mystères, tels que le jour où chacun de ses auditeurs rentrerait en sa maison. Franco se lève alors et demande au docteur pisan s’il connaît le passé aussi bien que l’avenir. « Bien mieux, assurément, répond Fazio. — Dis-moi donc ce que tu faisais, en ce jour même, l’an passé. Où étais-tu,