dans la fraîcheur de l’eau, plongée jusqu’à la ceinture. Elle crie au secours ! (accorr’uomo ! ). Son mari se précipite, une chandelle à la main, vers la cave ; il s’abîme à son tour, sa lumière s’éteint, il cric désespérément. Les voisins effrayés descendent dans la rue : les voilà en plein déluge. Leur clameur monte jusqu’à l’oreille du veilleur dans sa tour : l’homme prend sa trompe, appelle les gardes du rempart, appelle le chancelier pontifical et les prieurs. « On crie : Aux armes ! à la porte Saint-Sauveur, » dit-il aux magistrats accourus, effarés, au bas de la tour. « Et que dit-on encore ? » interrogent les prieurs. « Que l’ennemi est dans la ville, » répond le veilleur. On fait sonner incontinent le tocsin d’alarme. Les gardes courent aux armes, ferment de chaînes les rues aboutissant à la place de la Seigneurie et crient : Aux armes ! aux armes ! Les bourgeois se ruent, armés, hors de leurs maisons. Les uns disent : « Qui va là ? » Les autres : « Vive messer Ridolfo ! » ou bien : « Amis ! amis ! » Déjà c’était une foule hérissée de hallebardes, confuse, désordonnée. On assurait que l’ennemi s’était avancé jusqu’à l’église de Saint-George, à mi-chemin de la porte et de la place communale. Les prieurs expédient de ce côté des éclaireurs, qui ne reviennent plus. Parmi ces gens était un frère de Saint-Antoine qui, seul, eut le courage de remplir sa mission militaire et de revenir avec des nouvelles. Il marchait, le bras enserré dans l’anse d’un pavois (uno palvesé), le battant d’une cloche de son couvent attaché au cou. Le malheureux moine tomba tout de son long, incrusté dans son bouclier, impuissant à s’en détacher. Le bruit de sa chute fut tel que l’on crut à l’arrivée des envahisseurs. Et, dans le nocturne tumulte, les cris disparates s’entre-croisaient : « À moi, amis ! » « Par ici, par là ! » « Qui es-tu ? rends-toi, traître ! » « Qui vive ? » « À mort ! à mort ! » Le frère gémissait : « Aidez-moi, pour l’amour de Dieu ! » On le releva en fort piteux état. Le crochet de son battant, engagé dans le scapulaire, l’avait malencontreusement frappé au flanc ; il se croyait plus qu’à demi mort. Enfin il put expliquer tout le mystère, l’orage, l’inondation, les cris de détresse partis de Saint-Sauveur. « Les prieurs retrouvèrent leurs pouls qu’ils avaient presque perdu, » et le bon moine jura que jamais plus il ne partirait en guerre.
Traduisez cette scène en ottava rima : elle ne ferait point mauvaise figure entre deux chants du Morgante Maggiore, et Pulci a peut-être emprunté au frère de Saint-Antoine le battant dont il arma son géant. Et la fausse alarme de Macerata avec la