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IV

Ce n’est pas de la part des Italiens que les plus sérieuses difficultés étaient peut-être à prévoir : les avantages que la combinaison leur offrait étaient trop manifestes pour que leur sens pratique n’en fût pas frappé. Mais une série d’incidens imprévus allaient successivement ébranler leurs dispositions et retarder le moment d’y faire appel.

Faut-il rappeler les troubles d’Aigues-Mortes, rallumant sur chaque versant des Alpes les animosités à demi éteintes ; le retour au pouvoir de M. Crispi (1893), dont la seule présence suffisait à surexciter tous les gallophobes du royaume ; la guerre d’Abyssinie et les injustes soupçons qu’on accréditait contre nous pour en expliquer la déplorable issue et pallier les fautes commises ; la liquidation définitive de la question tunisienne, qui s’imposait en 1896, avec l’échéance du traité dont les Italiens se prévalaient depuis quinze ans pour contrarier notre établissement dans la Régence ?

Il fallait que toutes ces questions fussent réglées et closes, pour qu’on pût aborder, avec chances de succès, l’examen d’un arrangement dont le principe même impliquait des idées de conciliation, de rapprochement et de bon vouloir mutuel. Encore était-il indispensable qu’à ce moment, la direction des affaires du royaume fût aux mains de ministres, dont le caractère égalât le patriotisme et commandât la confiance au dehors comme au dedans.

Ces conditions se trouvaient heureusement réunies dans le Cabinet qui se constituait, en 1896, sous la présidence de M. le marquis di Rudini, assisté de M. le marquis Visconti-Venosta et de M. Luzzatti, pour ne citer que les trois hommes qui devaient plus particulièrement concourir à l’élaboration de l’entente.

Avant tout, il y avait à faire admettre en France le plan dont les lignes essentielles viennent d’être indiquées. Ce ne devait pas être la partie la moins laborieuse de la tâche, parce que l’adoption de ce plan impliquait non seulement un changement radical dans la politique suivie depuis des années à l’égard de l’Italie, mais comme une sorte d’infraction à l’évangile protectionniste dont procède encore notre politique économique.

Depuis l’accession de l’Italie aux alliances allemandes, ou,