l’abaissement de nos barrières douanières restait une condition nécessaire pour la renaissance de sa prospérité agricole et financière.
En ce qui nous concernait, le jeu de nos nouveaux tarifs se prêtait au mieux à la combinaison qu’il s’agissait de mettre en œuvre pour renouer des rapports conventionnels où les deux parties trouveraient leur compte. Rien ne s’opposait, en principe, à ce que la France accordât aux Italiens, — contre la concession du traitement consenti par eux à l’Allemagne, à l’Autriche-Hongrie et à la Suisse, — le bénéfice de son tarif minimum, remanié de manière à réserver à notre production nationale une protection suffisante. L’établissement de ce régime se ferait d’ailleurs pour un temps court ou indéterminé, chacun des contractans évitant de se lier pour un long terme et se réservant la faculté de reprendre sa liberté d’action après la dénonciation de l’accord intervenu.
Au point de vue économique, un arrangement semblable entraînerait pour les deux nations des avantages réciproques.
Après la dénonciation du traité de 1881, nos exportations dans la péninsule avaient fléchi de plus de 150 millions de francs : une nouvelle entente fournirait sûrement à notre commerce le moyen de regagner près de la clientèle italienne la place que d’autres s’efforçaient de lui disputer depuis la rupture.
Quant aux Italiens, ils étaient certains de retrouver chez nous, pour leurs vins, pour leurs huiles et beaucoup d’autres articles, les marchés dont la subite fermeture leur avait causé un si sérieux préjudice. Ajoutons tout de suite que notre production nationale n’aurait nullement à se préoccuper d’une invasion des vins italiens, dont l’importation ne saurait être plus dangereuse que celle des vins espagnols, puisqu’ils arriveraient en France grevés des mêmes taxes que ces derniers. Rien n’empêcherait d’ailleurs, s’il était nécessaire, de relever dans une mesure convenable le montant de ces taxes, — l’essentiel, pour les exportateurs italiens, étant de ne plus être soumis à un régime exceptionnellement rigoureux et de jouir du traitement accordé chez nous aux nations les plus favorisées. Dans tous les cas, nos viticulteurs resteraient assurés d’une protection efficace, tandis que nos commerçans et nos consommateurs auraient à bénéficier de la concurrence que se feraient mutuellement les importateurs d’Italie et d’Espagne.