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l’emploi s’en est-il si rapidement généralisé, qu’à Paris plusieurs grandes compagnies sont venues disputer au gaz un monopole jusqu’alors incontesté.

La substitution d’un éclairage à l’autre n’a même apporté aucun trouble aux habitudes des consommateurs. De part et d’autre, c’est par un compteur que la dépense est évaluée. Les appareils à gaz, les lustres ont prêté aux petites lampes à incandescence leurs formes simples et élégantes ; les canalisations extérieures et intérieures se dissimulent facilement soit dans le sol, soit dans les tentures des appartemens.

Ce n’est guère que sous le rapport de la dépense que l’éclairage à incandescence peut être considéré comme inférieur jusqu’ici à l’éclairage au gaz. Mais en attendant que le premier cesse d’être un éclairage de luxe, il faut songer aux avantages accessoires qu’il procure, à l’air qu’il ne vicie plus, aux peintures qu’il n’altère pas, à la facilité avec laquelle il s’allume et s’éteint : avantages dont on jouit, et dont on s’habitue à ne pas chiffrer la valeur.

L’éclairage par les lampes à arc H redoute aucune comparaison d’économie, ni avec le gaz, ni avec le pétrole, ni avec le bec Auer, et il pourra en être prochainement de même pour l’éclairage à incandescence, lorsque les grandes compagnies auront trouvé, ce qui ne tardera pas, des consommateurs d’électricité sous forme de chauffage ou de force motrice, pendant les heures du jour où le besoin de lumière électrique ne se fait pas sentir.

Dans le domaine du transport et de la distribution de l’énergie, l’électricité a apporté une solution nouvelle, dont le germe se trouve dans une expérience que M. II. Fontaine fit, en 1873, à l’exposition de Vienne. Cette expérience est fondée sur le principe de la réversibilité des dynamos. Ce principe est le suivant : une dynamo produit un courant électrique par rotation ; réciproquement, si on introduit un courant dans une dynamo, elle se mettra à tourner. Dans l’expérience de Vienne, une dynamo, actionnée par un moteur, envoyait son courant à une seconde dynamo qui était en rapport avec une pompe.

On se rappelle le retentissement qu’ont eu, vers 1881, les expériences de transport de force faites entre Paris et Creil, le long de la ligne du Nord, et sous le patronage de la Compagnie, par M. Marcel Deprez. Ces expériences, les comptes rendus qui en