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minimum qui les atteint. Il parait difficile d’admettre, au premier abord, qu’en 1892, M. Méline et le Parlement soient restés au-dessous du chiffre nécessaire à une protection efficace ; cependant, nos négociateurs l’ont craint, et le tarif des vins a été majoré. Nous n’entrerons pas dans le détail technique du régime ancien et du régime nouveau : il suffit de dire que le tarif minimum appliqué aux vins jusqu’à 12 degrés est augmenté en moyenne de 4 francs, et que, au-dessus, il y aura une augmentation de 2 fr. 70 par degré. Cette protection de 40 p. 100 environ suffira pour mettre notre industrie à l’abri de tout danger. On s’est proposé par ces mesures de désarmer l’opposition qui aurait pu être faite soit par l’industrie de Lyon, soit par les viticulteurs du Midi, et nous espérons qu’on y aura réussi. Ce n’est ni en France, ni en Italie, qu’une plainte fondée pourrait s’élever contre le nouveau tarif. En France, il sera inoffensif ; en Italie, il apportera quelque soulagement aux populations du Midi de la péninsule et de la Sicile, qui ont particulièrement souffert au cours des dix dernières années. C’est là surtout que le bienfait du nouveau régime sera senti et apprécié. Si quelqu’un est appelé à en souffrir, nous avons le regret de dire que ce sera l’Espagne qui fournissait presque seule nos commerçans méridionaux des vins alcoolisés dont ils ont besoin pour leurs coupages. L’Espagne va rencontrer une concurrence qui diminuera dans une certaine mesure les bénéfices qu’elle faisait avec nous, et cette diminution s’accroîtra encore par suite de l’augmentation de notre tarif conventionnel. Il était impossible d’éviter cette conséquence. L’Espagne devait bien s’attendre à ce que, un jour ou l’autre, nous reprendrions avec l’Italie des relations normales. Elle a profité de nos tarifs de guerre ; elle profitera encore, mais un peu moins, de nos tarifs de paix, puisque l’Italie prendra sa part de ce profit. Quant à la France elle-même, si l’on demande où sera son avantage purement matériel dans cet arrangement, il est difficile de le dire d’une manière aussi précise. Nous n’avons pas, dans notre commerce avec l’Italie, un article qui tienne une place aussi considérable, aussi prépondérante, que le fait le vin dans le commerce de l’Italie avec nous. Il faudrait citer une multitude d’articles sur lesquels s’éparpilleront en quelque sorte les bénéfices qu’il nous est permis d’attendre ; mais ces bénéfices n’en seront pas moins réels. Les négociateurs italiens et les nôtres se sont efforcés de tenir la balance égale entre leurs deux pays respectifs, et sans doute ils y sont parvenus, autant du moins que cela est possible en pareille matière. Si l’on s’était trompé, le mal ne serait pas irréparable, puisque notre gouvernement, fidèle aux méthodes nouvelles, a