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pas d’osmose si l’on met par exemple en rapport de l’huile et de l’eau. Depuis les travaux du savant anglais Graham, en 1862, cette condition a été mieux précisée. On sait que l’un des liquides au moins doit être diffusible dans l’autre, et nous verrons tout à l’heure la signification de cette propriété.

La direction du mouvement osmotique avait été fixée pour un très grand nombre de liquides, solutions organiques d’albumine, de gélatine, de gomme, de sucre, d’alcool, d’éther ; solutions de sels, d’alcalis, d’acides. Dans tous ces cas, sauf celui de l’alcool et de l’éther, le courant osmotique va de l’eau à la substance dissoute.

Dans le cas de l’alcool, le courant, au moins avec les membranes organisées, marche inversement, de l’alcool vers l’eau. Les solutions d’acides présentent un phénomène tout à fait remarquable : le courant osmotique subit une inversion suivant la température et suivant la concentration. A une température déterminée il existe un degré de concentration pour lequel il y a équilibre entre l’eau extérieure et la solution acide : on n’observe pas de courant, pas de déplacement de niveau de la colonne osmométrique : les impulsions sont égales des deux côtés de la membrane ; les deux liquides qu’elle sépare sont isotoniques suivant l’expression que de Vries a introduite dans la science.

C’est ce qui arrive, par exemple, à la température de 15° pour la solution d’acide tartrique de densité 1,1 dont 100 parties contiennent 21 parties d’acide cristallisé. Si la liqueur est plus concentrée, plus riche en acide, l’osmose entraînera l’eau vers le corps dissous, mais si la solution est moins riche, le mouvement se fera en sens contraire et entraînera l’acide vers l’eau. Tandis que dans le cas habituel on voit le courant osmotique, le courant prédominant, entraîner l’eau vers le corps dissous et marcher du liquide le moins dense vers le plus dense, ici on voit l’inverse.

Dutrochet détermina, avec non moins de perspicacité, la part importante qui revient à la membrane. Il en employa un très grand nombre ; des membranes animales, vessie de porc, peau de grenouille, de torpille, d’anguille, des membranes végétales telles que la gousse du baguenaudier ou les gaines du poireau, — des membranes de caoutchouc, des cloisons de grès, de porcelaine dégourdie, d’argile blanche ou terre de pipe, de calcaires. Il faut, pour que l’osmose ait lieu, que la membrane soit mouillée par les