Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/670

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sucre pour deux d’eau, il constatait dans le même temps une ascension de 34 divisions ; avec une troisième solution à parties égales de sucre et d’eau, il constatait une montée de 53 divisions ; ces nombres 19,5, 34, 53, représentent les vitesses osmotiques respectives dans ces trois expériences.

Un autre élément que déterminait encore Dutrochet, c’était la force osmotique. Le mouvement ascensionnel se ralentit et finit par s’arrêter ; le niveau reste indéfiniment stationnaire : il y a équilibre entre l’impulsion qui tend à faire pénétrer l’eau et le poids du liquide soulevé qui résiste à la pénétration. La hauteur du soulèvement mesure à ce moment la force, la pression ou le pouvoir, osmotiques. Par exemple, avec un sirop de sucre de densité 1,070 à l’intérieur et de l’eau pure à l’extérieur de la membrane, Dutrochet vit le mouvement ascensionnel s’arrêter au bout de 36 heures ; la colonne d’eau soulevée équivalait à une colonne de mercure de 617 millimètres de hauteur, et à ce moment la solution de l’osmomètre contenait exactement une partie de sucre pour 7 parties d’eau. La pression osmotique était donc représentée par le nombre 0,617. — Un sirop plus concentré, de densité 1,3, produirait une endosmose capable de soulever une colonne du poids énorme de 4 atmosphères et demie. La vitesse et la pression osmotique vont en augmentant à mesure que l’on emploie des solutions plus concentrées.

Il faut se hâter de dire que les déterminations ont été répétées depuis le temps de ces premiers essais. Un botaniste très connu au-delà du Rhin, M. Pfeffer, les a reprises, en 1877, en perfectionnant la construction de l’instrument et les procédés de mesure. Dans ces célèbres expériences du savant allemand qui ont fourni à la théorie de M. van t’Hoff les vérifications nécessaires, rien d’essentiel n’était changé aux méthodes de Dutrochet. L’innovation la plus importante a porté sur la membrane de l’osmomètre qui était de provenance artificielle et non d’origine organisée, et qui ne permettait de courant osmotique que dans une direction. L’exosmose était nulle : l’endosmose subsistait seule.

Peu de faits nouveaux ont été ajoutés à l’étude expérimentale exécutée par le savant français. Le progrès s’est accompli tout entier dans les interprétations et dans les applications. Les conditions de l’osmose avaient été parfaitement fixées dès le début. Dutrochet avait dit que les liquides disposés de part et d’autre de la membrane doivent être capables de se mélanger ; et qu’il n’y a