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effets : un effet dynamique, force ou pression osmotique, et des effets de mélange et de changement de volume dus à la pénétration réciproque des deux liquides.

L’origine de cette force osmotique, Dutrochet ne put la pénétrer ; l’état de la science à son époque ne le permettait pas. C’est une tâche qui était réservée aux physiciens-chimistes de notre temps. Du moins, s’il ne put résoudre le problème, il fut en état d’écarter les solutions fausses ou incomplètes qu’en proposèrent les savans les plus éminens parmi ses contemporains, le célèbre mathématicien Poisson, le physicien allemand Magnus, et, en France, M. Becquerel. Il ne se méprit pas davantage sur l’importance de sa découverte. « Je sais, écrivait-il en 1837, que, de prime abord, je suis allé trop loin en considérant l’endosmose comme le phénomène fondamental de la vie, comme son agent immédiat ; mais cette assertion, réduite à ce qu’elle a de vrai, tend encore à conserver à ce phénomène physique un rôle important parmi les causes auxquelles sont dus certains mouvemens vitaux. La découverte de l’endosmose lie désormais la Physique à la Physiologie. »

Cette appréciation a été pleinement justifiée par la suite. Aujourd’hui, en effet, l’on fait jouer à l’osmose un rôle capital en Physiologie générale. On comprendra l’importance que prennent les forces osmotiques en biologie, si l’on veut bien considérer que les conditions du phénomène sont précisément réalisées dans tous les organismes vivans et dans toutes leurs parties jusqu’aux plus petites, c’est-à-dire jusqu’aux élémens anatomiques, jusqu’à la cellule. Partout on y rencontre des liquides capables de se mélanger, séparés par des membranes qu’ils peuvent mouiller. La force osmotique y constitue le rouage intime du mouvement des liquides. Elle est l’instrument des échanges matériels entre le milieu et l’être vivant, c’est-à-dire, en d’autres termes, de cette manifestation universelle, la nutrition, qui, avec cette autre que l’on nomme la reproduction, sert à définir et caractériser la vie.

Si l’on veut des exemples particuliers des applications de l’osmose en biologie, on n’aura que l’embarras de les choisir dans toutes ses branches, depuis la botanique jusqu’à la médecine pratique. En physiologie végétale par exemple, le jeu de l’osmose explique le phénomène de la turgescence des tissus, avec ses innombrables conséquences. C’est la force osmotique qui préside, selon les récens travaux de Godlewski, à l’absorption de l’eau par