Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/536

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entrée en religion. Dans ces trois cas, une prime extraordinaire peut lui être accordée, et encore dans un quatrième cas qui ne se présentera pas de sitôt : celui où, après vingt ans de présence à la société, la déposante verserait le montant de son compte d’épargne et de ses primes annuelles à la Caisse nationale des retraites pour se constituer une rente viagère. On voit que les avantages assurés aux participantes, en échange de leur modique cotisation de dix-huit francs, sont considérables. Voyons quelles sont les dépenses, que les obligations contractées par la société entraîne pour elle et les ressources au moyen desquelles elle y fait face.

D’après le dernier bilan de la société dont je puis, pour cause, certifier la parfaite exactitude, les dépenses de l’année 1897 se sont élevées à 14004 francs. Dans ces dépenses, les frais médicaux figurent pour 1900 francs, les frais pharmaceutiques pour 1 063. Les autres dépenses sont occasionnées par les indemnités en argent, les frais de loyer, de gestion, etc. Les recettes ont été de 14 299 francs. Elles se décomposent ainsi : recettes provenant des membres honoraires, 12 676 francs ; recettes provenant des participantes, 1 623. Les recettes provenant des participantes n’auraient donc pas suffi à faire face aux frais médicaux et pharmaceutiques. Si la société vit et même si elle est prospère, c’est uniquement parce qu’elle compte à peu près trois membres honoraires pour une participante. C’est là une constatation tout à l’honneur des membres honoraires, mais il me paraît difficile d’en tirer argument pour démontrer la toute-puissance de la mutualité.

On pourrait objecter que la Parisienne est moins une société de secours mutuels qu’une famille, et que cette famille s’impose pour ses enfans des dépenses un peu excessives. Il y aurait du vrai. Prenons donc une autre société qui, celle-là, présente uniquement les caractères de la mutualité : la Couturière. Cette société a dix-sept années d’existence et doit son origine au fils d’un homme qui s’est rendu célèbre sous le second Empire pour avoir exercé avec un succès éclatant une profession nouvelle : celle de couturier. La grande situation occupée dans l’industrie de la toilette par le fondateur de la Couturière, l’appui que lui ont prêté les pouvoirs publics, la générosité dont lui-même a fait preuve, ont permis à cette société cadette non seulement de rejoindre, mais de dépasser son aînée. Son personnel est plus nombreux, son organisation plus complète. Elle compte à son service trente-deux médecins et plusieurs pharmaciens dans chacun des