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coiffure des oiseaux exécutés en cette fragile et brillante matière. Les falsificateurs qui imitaient avec du verre les pierres précieuses étaient si habiles que les plus exercés s’y trompaient, et que souvent des procès éclataient contre ces marchands peu scrupuleux vendant le faux pour le vrai. D’autre part l’antiquité paraît avoir utilisé les qualités optiques du verre ; et il semble bien qu’il ait existé des phares, tels que celui qu’Alexandre, dit-on, lit construire sur la digue d’Alexandrie. Peut-être en verre aussi était le miroir avec lequel Archimède brûla la flotte romaine. Une autre application du verre dont les anciens nous ont donné l’exemple est celle qui touche à la construction. A cet égard nous n’avons que des indications assez vagues, mais il est constant que le verre reçut, chez les Egyptiens comme chez les Romains, un emploi architectural. Les textes sont formels à cet égard. Beaucoup d’auteurs mentionnent des revêtemens en plaques de verre retenues contre les murs par une couche de bitume. Stace parle de plafonds en verre pour éclairer les appartemens, et Pline nomme camera vitrea les plafonds voûtés garnis de verre dont il signale nombre de types. En Égypte, les mosaïques en pâtes de verre divisées en petits carreaux ont certainement dû de bonne heure être appliquées aux fenêtres, et l’on est en droit de penser que l’invention des vitraux translucides n’a été qu’une conséquence de l’emploi fait en grande quantité des verres colorés nécessaires pour l’exécution de ces sortes de mosaïques. Si le vitrail, tel qu’il apparaît au moyen âge, n’est pas venu plus tôt, nul doute que cela ne tienne à la possibilité que l’on avait auparavant de clore les fenêtres par le moyen des mosaïques. D’ailleurs, depuis qu’on a vu en place à Pompéi des vitres en verre mesurant 35 centimètres sur 28, il est bien établi que les anciens connaissaient et pratiquaient quand ils le voulaient ce mode de clôture. La similitude que l’on constate entre les mosaïques primitives et les vitraux est frappante ; les premiers vitraux ne présentaient de différence avec les mosaïques de verre qu’en ceci, c’est que l’épaisseur des verres était moindre. Aux XIe et XIIe siècles, les verres des vitraux avaient une épaisseur de 3 à 4 millimètres, ceux des mosaïques n’avaient pas plus de 7 millimètres. Tels sont, par exemple, les verres des mosaïques de Sainte-Sophie de Constantinople.

Cette question des vitraux, au point de vue de la technique du verre, est particulièrement intéressante à étudier. Nous sortirions de notre cadre en nous étendant sur ce sujet, et il nous suffira de