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individuelle et les droits de tous mes sujets ; d’employer à la conservation et à l’accroissement de la prospérité générale et particulière tous les moyens que les lois mettent à ma disposition, comme doit le faire un bon roi.

Ainsi Dieu me soit en aide !

Après quoi, c’est au tour du peuple de prêter serment à la Reine. Il le fait par l’intermédiaire des Etats-Généraux. Quand la Reine a fini, le Président de la Première Chambre, M. van Naamen van Eemnes, un peu troublé et embarrassé pour ses trois révérences, répond :

Nous vous recevons et vous inaugurons comme Reine, au nom du Peuple néerlandais, et en vertu de la Loi fondamentale. Nous jurons que nous maintiendrons votre inviolabilité et les droits de votre couronne. Nous jurons de faire tout ce que de bons et fidèles États-Généraux sont tenus de faire.

Ainsi Dieu nous soit en aide !

Un huissier procède à l’appel nominal ; et chacun des cinquante membres de la Première Chambre et des cent membres de la Seconde Chambre reprend et affirme : « Je le jure ! Ainsi Dieu me soit en aide ! » Les libres penseurs se contentent de dire, comme la Constitution l’autorise : « Je le promets ! » Le 6 septembre, il ne manquait guère au rendez-vous que les trois socialistes de la Seconde Chambre, — dont M. Domela Nieuwenhuis n’est plus ; — ils n’avaient voulu ni s’engager du bout des lèvres, ni se taire, ni mentir à leur conscience, ni faillir aux convenances : ils n’étaient pas venus.

Lorsque le dernier député eut juré, la Reine partit. « L’antique alliance était renouvelée entre Orange et la Néerlande. » Il n’y avait pas eu, à proprement parler, de couronnement : la couronne et le globe étaient restés sur la table, près du Livre : personne n’y avait touché. Sérieusement et sans pompe vaine, s’était accomplie une chose sérieuse, dans la simplicité de formes de laquelle on sentait de la durée et presque de l’éternité. Comme en un jour de mariage, les Etats-Généraux de Hollande et la princesse d’Orange n’avaient fait qu’échanger des sermens ou des promesses ; et cela suffisait pour les lier, à tout jamais, indissolublement ; et cela suffisait à faire de cette vie nationale séculaire et de cette vie royale en sa fleur une seule et même vie ; et par elle, en Orange, la Néerlande était assurée de refleurir.