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in-folio, qu’il était un des principaux promoteurs en France de la paléontologie, qu’il avait composé la Paléontologie française en seize volumes, le Prodrome de paléontologie en trois volumes, la Paléontologie stratigraphique en trois volumes, sans compter bien d’autres ouvrages, et que pour tout cela, à l’âge de quarante-neuf ans, il n’avait rien reçu de son pays, plusieurs membres du barreau de Paris s’intéressèrent à lui. En 1853, Fortoul, ministre de l’Instruction publique, créa une chaire de paléontologie au Muséum d’histoire naturelle, et la confia à Alcide d’Orbigny. Le nouveau professeur avait une tête énergique, superbe, dont on ne peut guère se faire une idée d’après le buste bizarre placé sur la face externe du nouveau bâtiment. Il fut très gêné dans son enseignement, car, malgré le titre d’administrateur que les professeurs avaient autrefois, on ne lui remit pas l’administration des objets de paléontologie qui étaient dans le Muséum. Il n’eut d’autre collection que la sienne propre. Les fossiles continuèrent, comme par le passé, à être disséminés dans les divers services de l’anatomie, de la conchyliologie, de l’entomologie. Un professeur de métaphysique se passe d’objets matériels de démonstration ; mais un professeur chargé de faire connaître les fossiles est fort embarrassé s’il n’en peut montrer. Le nouveau professeur fut installé cour de la Baleine, dans un local très exigu ; son aide-naturaliste fut relégué dans les combles de l’ancienne ménagerie des reptiles ; il y avait là des salles misérables, si peu éclairées qu’on n’y pouvait pas travailler au microscope ; c’est là qu’a été fait l’ouvrage sur les fossiles de Pikermi. D’Orbigny a éprouvé une grande tristesse de voir que ses idées étaient peu appréciées par les chefs de la science. Il a succombé à une maladie de cœur quatre ans après sa nomination au Muséum, avant qu’il ait été sérieusement question de le faire entrer à l’Institut. Depuis sa mort, sa gloire a toujours été grandissante ; on reconnaît en lui un des génies qui ont honoré la science française. Il eût mieux valu, pendant sa vie, lui donner quelques encouragemens.

À la mort d’Alcide d’Orbigny, l’État acquit ses collections et les donna au Laboratoire de paléontologie. Les professeurs du Muséum proposèrent D’Archiac pour le remplacer. Le ministre de l’Instruction publique, Rouland, avait alors institué une commission pour modifier l’organisation du Muséum ; parmi les membres de cette commission, se trouvait un ingénieur des mines, Bayle, chargé d’un cours de paléontologie à l’École des mines,