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quand, au lieu de regarder du côté du monde agricole, on examine attentivement le fonctionnement de nos écoles elles-mêmes, on y découvre des imperfections qu’il est temps de corriger. On est frappé d’abord du petit nombre d’élèves qui les fréquentent et qui est hors de proportion avec l’effectif des professeurs ; celui-ci, en effet, est de 651, quand celui des élèves est de 2 850 seulement. Dans beaucoup d’établissemens il n’y a guère que des boursiers et, sans eux, il faudrait presque fermer l’école.

« Il faut ajouter que la plupart de ces boursiers, au lieu d’aller à l’agriculture comme cela devrait être, demandent presque toujours des emplois de l’Etat, surtout des places de professeurs ; la liste des candidats à ces diverses fonctions ne s’élève pas à moins de 500, pour une moyenne de 15 à 20 places par an. »

Le reste du rapport passe en revue les réformes à accomplir ; pour les exécuter judicieusement, le Ministre demande l’appui du Conseil supérieur de l’Enseignement agricole.

On a bien voulu me désigner pour faire partie de ce conseil, qui n’a pas encore été réuni. Je crois donc être autorisé à exposer ici les réflexions que suggère le rapport ministériel et à indiquer dans quel sens, à mon avis, devraient porter les réformes, nécessaires pour utiliser le mieux possible les sommes importantes consacrées, chaque année, à l’Enseignement agricole.


I. — LES ÉCOLES PRATIQUES

« Dans beaucoup d’établissemens, dit M. le Ministre, il n’y a guère que des boursiers, et sans eux il faudrait fermer l’école. » Ces paroles découragées ne s’adressent ni à l’Institut agronomique, ni aux Ecoles nationales qui ont dû se défendre contre l’affluence des candidats par de sérieux examens d’admission, mais elles visent quelques-unes des écoles pratiques ; non toutes certainement, car il en est qui fonctionnent régulièrement depuis de nombreuses années et reçoivent d’autres élèves que des boursiers.

Comment donc se fait-il que beaucoup d’entre elles ne se soutiennent que grâce aux libéralités de l’Etat et que les cultivateurs ne montrent aucun empressement à faire profiter leurs enfans de l’instruction qui leur est offerte ?

Le rapport ministériel nous dit que ces écoles pratiques sont au nombre de quarante-quatre et, bien que la population agricole de la France soit considérable, on conçoit, en y regardant de près,