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dépenses ainsi effectuées est inscrite sous la rubrique : Sommes remises à Sa Majesté, nul compte détaillé n’en est tenu. Or, si quelque chose de cet argent a été employé en dons manuels, il est certain que la plus grosse portion en a été, à partir de 1806, versée, en dehors des comptables, à l’architecte de la Malmaison. On peut affirmer avec certitude que plus des quatre cinquièmes est passé là. Quant à la Cassette proprement dite, elle a son compte spécial qui est tenu avec une régularité absolue par Ballouhey et qui se solde toujours en excédent. Il est vrai que l’Empereur y pourvoit, que, à chaque occasion, il en augmente les fonds, mais il en fait de même pour la Toilette, ce qui n’empêche point les dettes, tandis que pour la Cassette, il n’y a jamais ni déficit ni arriéré. Napoléon a réglé on 1805 la cassette à 6 000 francs par mois (72 000 francs par an) ; il la porte à 10 000 francs en 1806, et à 15 000 en 1809. À chaque grand voyage, pour les frais extraordinaires d’aumônes, — ces frais seuls, car toutes les dépenses de voyage, de séjour, de gratifications, de présens, etc., etc., sont payées par la Maison, — il ajoute une somme variant entre 80 000 et 120 000 francs. C’est là le fonds : on n’y fait point d’économies, mais on ne le dépasse point.

Ce fonds est divisé en trois parties : Secours attribués directement par l’Impératrice sur demandes verbales ou écrites ; Bienfaits de Sa Majesté l’Impératrice et Reine, distribués par la Dame d’honneur qui prend à ce sujet les ordres de l’Impératrice ; et Pensions.

Les Secours donnés par l’Impératrice ne sont accordés qu’après une enquête faite, soit par les premiers valets de chambre, soit par Madame Duplessis, soit par M. Danès de Montardat, oncle par alliance de Joséphine. Beaucoup de ces demandes, s’il s’agit de personnes du monde, passent, soit par le Chevalier d’honneur, soit par une des dames du Palais : c’est là le gros morceau.

Les Bienfaits qui font l’objet du travail de la Dame d’honneur sont répartis, sur sa proposition ou plutôt sur celle de son secrétaire, après enquête d’une visiteuse à gages, Madame Hardancourt née Boyvin, par petites sommes de 20 à 70 francs. L’Impératrice indique les sommes ; le secrétaire de la Dame d’honneur inscrit le montant de chaque bienfait sur un bordereau détaché d’un registre à souche, et Ballouhey paye.

Si médiocre que soit chaque bienfait, le total, comprenant aussi les Secours, n’en est pas moins respectable : 4 à 6 000 francs