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LOUIS XVIII ET LE DUC DECAZES
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS

II.[1]
LE CABINET DESSOLES-DECAZES (1819)

Contrairement aux rumeurs calomnieuses qui coururent alors, c’est à regret que Decazes s’était séparé de Richelieu. En consentant à rester ministre sans lui, il n’avait fait qu’obéir aux ordres formels du Roi. Richelieu en doutait encore au lendemain de sa retraite. Il inclinait à croire qu’elle était due aux conseils du favori de Louis XVIII. Mais il revenait bientôt à des idées plus justes. L’amitié qui naguère unissait ces deux hommes d’Etat se renouait telle qu’elle existait avant les incidens qui les avaient séparés. Decazes, lui, n’avait pas attendu cette réconciliation pour comprendre qu’en perdant Richelieu le gouvernement a perdu une lumière et une force, et lui-même le plus précieux des collaborateurs.

Ce qui le lui fait surtout comprendre, ce sont les dissentimens qui, le ministère Dessoles à peine formé, éclatent dans son sein et y créent deux influences rivales, celle de Decazes d’un côté, celle

  1. Voyez la Revue du 15 juin.