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des Kirghizes, mais desservait l’important centre d’Omsk, et parcourait généralement une région fertile et moins marécageuse que le tracé nord. Le projet méridional par Orenbourg était beaucoup plus long : 3 500 verstes, il traversait d’abord sur 1 500 verstes les régions les plus stériles de la steppe kirghize et se développait ensuite dans les vallées supérieures de l’Obi et de l’Iénisséi, fertiles sans doute et riches en minéraux, mais entourées de montagnes élevées. Le tracé central était donc à la fois celui qui exigeait le moins de constructions nouvelles, présentait le moins de difficultés d’exécution et offrait les plus grands avantages économiques. Or les considérations de cet ordre commençaient à acquérir, vers 1890, un poids qu’elles étaient loin d’avoir trente ou quarante ans plus tôt.

En vertu du rescrit impérial du 17 mars 1891, les lignes générales du projet furent fixées de la manière suivante : le tracé central était définitivement adopté à l’ouest et les 7 000 verstes que devait compter le chemin de fer divisées en six sections : 1° le chemin de fer de Sibérie occidentale, de Tcheliabinsk à l’Obi, par Omsk : 1 329 verstes ; — 2° le chemin de fer de Sibérie centrale, de l’Obi à Irkoutsk par Krasnoïarsk, 1 732 verstes ; — 3° la section contournant le lac Baïkal, d’Irkoutsk, à l’ouest, à Mysovsk, à l’est, 292 verstes ; — 4° le chemin de fer de Transbaïkalie, d’Irkoutsk à Strietensk, point de départ du réseau navigable de l’Amour, 1 057 verstes ; — 5° le chemin de fer de l’Amour, de Strietensk à Khabarovsk, 2 000 verstes on chiffres ronds ; — 6° le chemin de fer de l’Oussouri, de Khabarovsk à Vladivostok, 700 verstes environ. Le port de Vladivostok, situé à 43° de latitude, près de la frontière de Corée, était désigné dès longtemps comme terminus oriental de la ligne, de préférence à Nikolaïevsk qui se trouve à l’embouchure de l’Amour, par 54°. Ce dernier port est encombré par les glaces pendant la moitié de l’année, alors que Vladivostok l’est seulement pendant deux ou trois mois et que sa situation plus méridionale, plus rapprochée des mers de Chine en fait une base navale beaucoup plus favorable à l’action politique de la Russie.

Le plan d’ensemble ainsi arrêté était bien conçu : le chemin de fer se tenait nettement dans la zone agricole, aussi au sud qu’il pouvait le faire sans s’égarer dans des steppes sans eau ou des montagnes malaisées à franchir. Il suivait, du reste, d’assez près, sauf dans le premier quart du trajet, — et nous venons d’expliquer