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à cause des malheurs qui vont tomber sur vous !... Vos richesses sont pourries ! Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers crie contre vous... Vous avez condamné et mis à mort les innocens, les justes, qui ne vous résistaient point... Qu’elle pleure et qu’elle gémisse, la ville d’iniquité !... Parce que, dans cette grande ville, le sang des saints et des innocens a été répandu... le Seigneur enverra le feu tordre dans ses flammes, comme dans les anneaux d’un serpent, tous ces palais superbes, tous ces repaires de voluptés infâmes ! » Et enfin : « ... Sur vous qui aimez Dieu se lèvera le soleil de la justice. Quand les cieux auront passé... quand les élémens embrasés auront été dissous... vous les pauvres... vous ressusciterez en vos corps glorieux, et vous jouirez d’une félicité infinie. »

Alors Faustus (remarquez que ce qu’il vient d’entendre est tout ce qu’il connaît du christianisme) : — « Voilà ce que ton Dieu promet ?... je crois en lui ! — Mais, dit Marcia, où est-il, l’envoyé de Dieu qui allumera l’incendie ? Où est-il, celui que Dieu a choisi pour renverser cet empire sanglant ? — Ce sera moi ! » dit Faustus en arrachant une torche fixée à la muraille ; et, suivi de quelques-uns de ses frères, il s’en va mettre le feu à la ville.

Si cela est fort discutable, cela est fort dramatique ; et très dramatique aussi, au dernier tableau, du haut de la terrasse de Néron, le saut des martyrs dans les flammes.


JULES LEMAÎTRE.