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dans des limites modestes, puisqu’il varie de 50 000 dollars dans le Maryland, le Michigan et l’Orégon à 1 million pour les États de Pensylvanie, Kansas et New York. Il est évident que ce million est une véritable bagatelle pour des communautés dont la richesse et la population justifieraient des emprunts d’une tout autre envergure. Beaucoup d’Américains pensent que ce remède, qui équivaut en fait à une interdiction d’emprunter, est excessif, et qu’il faudrait au contraire encourager certaines dépenses d’utilité publique, comme les reboisemens, l’irrigation, l’organisation ou le développement des institutions d’enseignement supérieur, qui leur paraissent ressortir aux États. Ils regrettent de voir l’importance de ceux-ci décroître au profit du gouvernement fédéral d’une part, et des municipalités de l’autre. Ils jugent cet amoindrissement contraire au principe de la constitution fédérale.

Si les totaux des budgets des États particuliers ne sont pas élevés, ils n’en sont pas moins intéressans à considérer, à cause des questions qu’ils évoquent et des discussions auxquelles ils donnent lieu. C’est en effet à leur occasion, beaucoup plus qu’à celle du budget fédéral, que les opinions diverses en matière d’impôt se font jour. Parmi les réformes demandées se trouve celle qui doit amener la séparation des impôts attribués à l’État et de ceux qui le sont à la commune, les premiers devant frapper surtout les sociétés et les successions, les seconds atteignant la propriété foncière et les autres élémens de la fortune personnelle. Les principaux États se préoccupent depuis longtemps de ce problème, qui a donné lieu à des travaux remarquables. Un premier rapport, écrit en 1871 et 1872 par David A. Wells pour l’État de New York, a traité de la taxation de la propriété personnelle en général et de la question des dettes. Ceux du Massachusets et de New Hampshire, en 1875 et 1876, suivirent. Plus tard, de nouveaux problèmes se posent, comme celui des rapports entre les revenus locaux et ceux de l’État, celui des impôts applicables dans plusieurs États (interstate taxation), celui des taxes sur les sociétés et droits de succession. Dans le rapport du Maryland et dans un rapport annexe publié sous sa signature, le professeur Ely propose d’exempter la propriété foncière de toute taxe au profit de l’État ; de donner comme ressources principales à ce dernier les droits sur les sociétés et un impôt sur le revenu ; à la commune, l’impôt foncier et une taxe locative. En 1890, les États de Maine et de Pensylvanie apportent leur contingent à