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II

Les Anglais avaient bivouaqué un peu en désordre sur toute l’étendue du plateau. Eveillés au point du jour, ils commencèrent à rallumer les feux, à préparer leur repas, à nettoyer leurs vêtemens et leurs armes. Au lieu de débourrer les fusils, la plupart des soldats les déchargeaient en l’air. C’était une mousqueterie continuelle donnant l’illusion d’un combat. Les grand’gardes de Napoléon étaient peu vigilantes ou singulièrement aguerries, car aucune relation française ne mentionne de fausse alerte causée par cette fusillade. Vers six heures, à l’appel discord des trompettes, des pibrochs et des tambours, sonnant et battant de tous côtés à la fois, les troupes s’assemblèrent. L’inspection passée, bataillons, escadrons et batteries, guidés par les officiers de l’état-major, vinrent occuper leurs emplacemens de combat.

Les brigades anglaises Byng et Maitland (gardes) et Colin Halkett, la brigade hanovrienne Kielmansegge et la brigade anglo-allemande Ompteda s’établirent en première ligne le long du chemin d’Ohain, la droite (Byng) près de la route de Nivelles, la gauche (Ompteda) appuyée à la route de Bruxelles. A l’est de cette route, également le long du chemin d’Ohain, se placeront les brigades anglaises Kempt et Pack (division Picton), la brigade hollando-belge Bylandt et la brigade hanovrienne Best.

Ces neuf brigades formèrent le centre ou, pour mieux dire, presque tout le front de l’armée alliée ; car, dans l’ordre de bataille de Wellington, il n’y avait point proprement de centre. Il y avait un centre droit et un centre gauche[1] — séparés par la route de Bruxelles — et deux ailes. L’aile droite, formée des brigades anglaises Adam et Mitchell, de la brigade hanovrienne William Halkett et de la brigade anglo-allemande Duplat, était en potence entre la route de Nivelles et Merbe-Braine ; à l’extrême droite, la division hollando-belge de Chassé occupait le terrain en avant de Braine-l’Alleud. L’aile gauche était forte seulement de la brigade nassavienne du prince de Saxe-Weimar et de la brigade hanovrienne Wincke : ces troupes se tenaient au-dessus de Papelotte, de La Haie et de Smohain, avec des postes dans ces positions mêmes. A l’extrême gauche, les brigades de cavalerie

  1. Ces expressions de centre droit et centre gauche sont employées par Wellington et par le major Pratt, du 73e’ anglais.