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du Pacifique, dans l’Amérique centrale et dans toutes les Antilles, et complètent ce premier réseau.

Du côté de l’Orient, les lignes anglaises partant de Londres, tournent l’Espagne par Gibraltar, touchent à Malte, traversent la Mer-Rouge et arrivent à Aden, où elles bifurquent : d’abord, par un faisceau de trois câbles qui se dirigent sur l’Inde et se prolongent par d’autres lignes jusqu’à la Chine, d’une part ; jusqu’à l’Australie et la Nouvelle-Zélande, d’autre part ; ensuite, par une ligne qui descend d’Aden à Zanzibar, et longe la côte orientale d’Afrique, jusqu’au Cap.

Ce réseau oriental est doublé par des lignes mi-sous-marines, mi-terrestres, qui, partant également de Londres, traversent l’Europe et vont aborder l’Inde par le Golfe Persique.

Du côté de la côte occidentale d’Afrique, les lignes anglaises descendent d’abord jusqu’à Bathurst, au-dessous du Sénégal, puis, de là, festonnent le long de la côte jusqu’au Cap. Observez la façon dont ce réseau est constitué. Quelques-unes de ces lignes touchent à des territoires français : Konatry, sur les Rivières du Sud, Grand-Bassam, Kotonou, sur la côte du Dahomey, et Libreville, sur la côte du Gabon, et reçoivent des subventions du gouvernement français. Or, les stations de passage sur lesquelles viennent converger tous ces câbles sont Accra, Sierra-Leone et Bathurst, toutes en territoires anglais. On voit sous quel régime ces stations anglaises peuvent être placées en temps de guerre !

Le développement de cet immense réseau de lignes sous-marines qui embrasse le monde entier, dépasse, comme nous l’avons vu plus haut, 250 000 kilomètres. Il a été construit et posé en trente ans à peine, et chaque année ce réseau s’agrandit encore. Depuis deux ans, il s’est augmenté de 25 000 kilomètres ; depuis cinq ans, de plus de 50 000 kilomètres. Dans trente nouvelles années, il atteindra peut-être 500 000 kilomètres.

La création d’un réseau aussi étendu est bien due à l’initiative de puissantes Compagnies, mais elle doit surtout être attribuée à la clairvoyante protection du gouvernement anglais.

Dès que la possibilité de correspondre à de grandes distances, au moyen de câbles sous-marins, a été démontrée pratiquement, le Gouvernement britannique a compris, en effet, l’incontestable prépondérance commerciale et politique que pouvait lui assurer la création d’un réseau télégraphique qui resterait sous sa dépendance. Il a favorisé de toutes ses forces la constitution de grandes