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45 millions de dépêches pour l’année. Le produit des taxes s’est élevé à 31 513 255 francs, contre 76 722 francs, montant des taxes de 1851. Il faut, en outre, remarquer que la moyenne du prix d’un télégramme, à l’époque du coup d’Etat, était de 8 fr. 51 et que cette moyenne est tombée aujourd’hui à 0 fr. 88. On se rend ainsi compte de la progression suivie pendant quarante années dans le mouvement des correspondances télégraphiques terrestres ; la comparaison ne peut manquer de donner lieu à de curieuses réflexions.


II

De même que l’idée de la télégraphie électrique avait été suggérée par une sorte de divination, plutôt que par un travail scientifique raisonné, et cela plusieurs années avant l’époque à laquelle elle a été pratiquement appliquée, de même l’idée de transmettre le son entre deux cornets acoustiques réunis par un fil précéda, de longtemps, la découverte du téléphone.

L’appareil qu’on appelle le téléphone à ficelle remonte à la fin du XVIIe siècle. Il fut inventé par un Anglais, nommé Robert Hooke, déjà cité au cours de cette étude, mais il fut presque aussitôt délaissé. Robert Hooke écrivait en 1667 : « Il n’est pas impossible d’entendre un bruit à grande distance, car on y est déjà parvenu, et l’on pourrait même décupler cette distance, sans qu’on puisse taxer la chose d’impossible… Je puis affirmer qu’en employant un fil tendu, j’ai pu transmettre instantanément le son à une grande distance et avec une vitesse, sinon aussi rapide que celle de la lumière, du moins incomparablement plus grande que celle du son dans l’air. Cette transmission peut être effectuée, non seulement avec le fil tendu en ligne droite, mais encore quand ce fil présente plusieurs coudes. »

C’est encore à un Français qu’on doit d’avoir dégagé cette idée de l’oubli dans lequel elle se trouvait.

Un ingénieur, nommé Charles Bourseul, publia en 1854, dans les Annales télégraphiques, une notice très succincte sur un appareil téléphonique. Mais l’heure de la téléphonie n’avait pas encore sonné. Comme le précédent, l’appareil de Bourseul fut complètement oublié jusqu’en 1861. À cette époque, Reiss fit des essais dont le résultat ne fut pas encore décisif.

Le comte du Moncel raconte que, jusqu’en 1854, personne